Mysore à Bangkok

Il y a quelque chose d’inexplicable, de très fort, quand on part pratiquer dans un shala que l’on ne connait pas.

Je suis toujours intimidée.

Même si tout le monde est « dans » sa pratique, lorsque vous êtes une nouvelle tête et que vous devez dérouler votre tapis entre deux pratiquants, il y a un moment où on se demande « suis-je à ma place ? ». Alors que oui, tout le monde est à sa place partout.

La pratique Mysore est certes une pratique personnelle indépendante, il n’en reste pas moins que l’on dépend du bon vouloir du professeur. J’ai vu des personnes se faire arrêter dans leur pratique alors qu’ils avaient l’habitude de la faire entièrement.

Parfois les techniques changent, un professeur vous donnera beaucoup de postures, ce qui m’est arrivée en Grèce, alors qu’un autre ne vous en donnera pas du tout.

Il faut savoir être flexible tant mentalement que physiquement.

Pour ma part j’ai fait mon grand retour aujourd’hui. Après trois, quatre pratiques pas terribles du tout, ce matin j’ai fait toute la série et je me suis remise au drop back.

Le professeur, Boonchu Tantikarum (Level 2 Auto.) est venu me voir. Je lui ai dit que j’étais mal tombée la semaine dernière en descendant, mon coude gauche n’avait pas plié et par conséquent j’étais pas certaine de vouloir les faire.

Il m’a regardée et m’a dit : « Au lieu de vouloir les descendre, essaie de les remonter en premier ».

J’ai ri, en pensant que dans mon monde ce serait parfait, mais dans la réalité c’était autre chose, j’ai répondu : « Well, it’s not gonna happen« ……. sur ce il a dit « Just give a try« .

Je me suis donc mise en Urdhva Danurasana. Il m’a demandé de balancer trois fois et à la troisième fois de remonter. Il a placé ses mains juste derrière mes cuisses, sans vraiment forcer, juste un petit mouvement vers l’avant et je suis remontée sans problème.

Il m’a dit de le refaire.

Je repars donc en Urdhva Danurasana. Cette fois ci il me dit : » tu vas en faire 4 en balançant et au 5ème tu remontes ». J’en ai fait 4 et au 5ème je suis remontée, toujours avec son aide…. et pourtant il m’assure qu’il « n’a rien fait »…. je le regarde, je ris, et je lui dis « yeah, you did help me, I felt your hands behind my legs« , il m’a répondu « they were just there, but not doing anything« …..

La troisième fois il me regarde et me dit « this time you’ll swing, and at one point, I won’t tell you when, I might help you to come up. Let’s play that game!« …..

Je suis remontée à la deuxième fois, en chemin j’étais vraiment toute seule, à un moment donné je me suis arrêtée à la moitié et j’ai senti tous les muscles frontaux de mon corps bossés comme jamais auparavant. Se relever par la force des talons, des muscles des jambes, du ventre, sentir la peau qui s’étire, c’est une sensation juste incroyable qui ouvre des perspectives à tous les niveaux.

Le professeur me regarde et me dit : « Do it again« . J’ai du en faire 6 ou 7.

A ce stade de pratique Boonchu me regarde franchement, un grand sourire sur les lèvres, me dit, on s’arrête là, demain on recommence.

Les blocages ne sont pas tant physiques que mentaux.

Je le sais, je le pense, je le dis, mais je n’arrive pas à me l’appliquer. La semaine passée Iain m’a demandée de continuer mes pratiques alors que je croyais que j’avais cassé mon bras en deux, et aujourd’hui lorsque j’ai dit à Boonchu que j’avais peur de descendre, il m’a répété la même chose « c’est ton mental qui te joue des tours ».

Je suis donc retombée dans la lecture des articles de Iain. Si vous avez du temps, beaucoup de temps il faut à tout prix le mettre à profit pour les lire : Iain Grysak blog.

Si je dis que mes pratiques ont une influence directe sur mon ressenti, mes pensées, mes envies, mes désirs, mon épanouissement personnel, ça peut ne pas donner envie. Cela reviendrait à dire que sans mes pratiques je ne peux pas avancer. Et pourtant il y a bien une part de réalité.

Trupta est le premier à le dire, quand je ne pratique pas je suis imbuvable.

Une étudiante le mois dernier m’a demandée ce que je lui conseillais après le mois de formation, de prendre un break avant de retourner sur le tapis ou bien de continuer. Je n’ai pas tout de suite compris la question, car dans ma tête pourquoi prendre un break après un mois de pratique « intense », sachant que ce n’est seulement le début.

Je lui ai donc dit de continuer la pratique. C’est l’inaction, l’inactivité qui « tue » le corps, le mental. On ne peut pas tout donner pendant un mois et prendre un congé d’une semaine sous prétexte que l’on a pratiqué « sans relâche » pendant quatre semaines….

Quatre semaines de pratique c’est mieux que rien certes, mais d’un point de vue physique ce n’est pas grand chose. C’est sur le long terme que l’on arrive à changer son corps, à devenir endurant, à renforcer les muscles, et c’est à partir du deuxième et troisième mois que l’on commence à ressentir l’impact sur le mental.

Il faut douze mois d’une pratique régulière pour que le corps assimile, avale, ingurgite, digère et reproduise une posture dans sa globalité !

Est-ce qu’un pianiste va faire ses gammes pendant quatre semaines et prendre un break de 7 jours pour « se reposer » ? Non. La pratique est essentielle voir primordiale.

La connection Professeur / Elève

Dans la pratique de l’Ashtanga Vinyasa Yoga, cette connection est très forte.

La première fois que j’ai pratiqué avec Iain, c’était une relation en chiens de faïence.

Je pensais tout savoir et plus dure a été la chute. La deuxième fois j’ai rendu les armes, et depuis même si mon ego est bien vivant car je n’ai pas l’intention de le tuer, il n’est plus encombrant. L’ego étant le « moi », avoir trop d’ego c’est être arrogant, deux choses différentes 😉

De même, mes premières pratiques avec Sharath ne se sont pas passées comme je l’aurai souhaitée, ou envisagée. Je l’ai trouvé dur avec moi, ça passait des remarques qu’ils me faisaient à partir de son estrade ou carrément sur mon tapis, à une indifférence totale durant laquelle il m’a ignorée pendant presque 10 jours.

Cependant, tous les professeurs que je rencontre m’apportent énormément et m’aident à comprendre où j’en suis dans mes pratiques et par la même sur le plan personnel.

La connection avec Soi-Même

Malheureusement je ne peux pas rédiger autour. J’aimerai bien, mais si être connectée avec soi-même c’est être confortable avec ce que l’on ressent, ce que l’on dit et ce que l’on fait, alors j’ai encore beaucoup de chemin à faire.

Par contre je crois que ça peut se travailler.

Après la pratique du yoga peut devenir un outil pour y arriver.

Ne jamais abandonner serait le leitmotive.

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