Ou la plaie des réseaux sociaux.

A notre époque les « # » se dégainent à la vitesse de l’éclair.

Une catastrophe à l’autre bout du monde, un attentat à côté de chez nous et la machine infernale Facebookienne, Instagramienne, Tweetienne, est mise en marche. 

Le même post partagé des millions de fois, avec la même information, sans pour autant vérifier les sources (je me me suis fait avoir avec l’eau polluée de Paris).

On pleure l’Amazonie, on reconstruit Notre Dame, on se Charlize pour devenir solidaire, la révolte derrière l’écran de téléphone. 

Puis un nouvel événement arrive et un nouvel ashtag voit le jour, et c’est reparti pour un tour.

On essaie de se convaincre du libre arbitre, alors qu’en suivant le mouvement nous restons manipulés par les médias, par les informations que l’on veut bien nous donner, par celles que l’on « doit » faire suivre en indiquant son indignation générale.

Pour autant on continuera de détourner la tête devant le sans abri qui dort devant notre porte d’immeuble depuis cinq années.

On sera trop pressé pour aider cette femme avec sa poussette à monter ou descendre les escaliers du métro.

On aura craqué au moins une fois dans l’année pour un bon pot de Nutella ou simplement une crêpe servie sur les quais de Seine.

On aura acheté ce super jean denim que l’on lorgnait depuis la rentrée et les dernières Adidas manufacturées quelque part en Asie….

On se contentera d’un « Bonjour, une baguette s’il-vous-plaît », sans jamais échanger plus de trois phrases avec les commerçants du quartier.

On aura laissé faire cette personne qui jette son papier dans la rue, par peur d’échanges trop musclés « il était vachement grand! »….

On aura poussé tout le monde pour ne pas manquer le métro, alors que le prochain arrive dans 5 minutes. Mais dans les villes on n’a pas 5 minutes à perdre, c’est bien connu.

On se sera bien isolé du monde avec les écouteurs sur les oreilles, les yeux fixés sur l’écran du téléphone.

Je me pose la question de savoir si le « # » permettra de sauver le monde, tout du moins d’éveiller les consciences. Il permet d’apporter un regard sur quelque chose que l’on n’avait pas vu auparavant, certes, mais pour combien de temps?

Le # est devenu un objet de consommation.

Je ne compte plus le nombre de pétitions que j’ai signées dont la dernière en date qui consistait à assigner en justice notre gouvernement : l’Affaire du Siècle.

Nous pataugeons dans la slush la plus épaisse, tout le monde le sait, les grands dirigeants le savent, ceux qui nous manipulent et contrôlent notre monde sont les premiers avertis.

On peut écrire un long post sur les réseaux sociaux, montrer notre révolte, notre dégoût avec le bon ashtag. Bien calé dans notre canapé il serait utopique de croire que cela changera quelque chose.

Le changement commence par l’individu.

Comment lutter contre la société de consommation qui nous pousse à acheter des trucs sous plastique, qui finiront dans les arbres puis les océans ? En consommant moins.

Comment consommer moins ? En changeant nos habitudes.

Avons-nous vraiment besoin de 6 paires de jeans, d’une télévision, de 12 paires de chaussures, d’autant de produits d’hygiène pour chaque partie de notre corps?

Savons-nous que le simple fait d’utiliser Internet consomme l’énergie annuelle de 40 centrales nucléaires? Plus que l’empreinte carbone d’un avion grande ligne…. (Impact Environnemental d’Internet – Article de 2015).

Nous avons la bienséance de vouloir sauver le monde à coup de # tout en faisant le contraire à chaque visite sur Instagram.

Pendant les périodes de canicule, le gouvernement n’a pas hésité à conseiller aux personnes de visiter les endroits frais et climatisés : Canicule 2019.

Les # et les posts à faire tourner, publier, partager ne soignent que temporairement la conscience collective.

Ils confortent, pansent notre ego, nous donnent la sensation d’avoir fait quelque chose de bien, d’avoir peut être fait avancer le problème vers une résolution hypothétique.

On se retrouve tous nez à nez avec une situation qui nous dépasse. Pour pouvoir la résoudre il faut aller à la source.

La source c’est nous, sur notre petite échelle, en changeant notre façon de consommer, d’aborder les gens qui nous entourent.

On ne peut pas cultiver #compassion tout en ignorant le fait que les transports publics ne sont pas adaptés aux personnes handicapées encore moins aux enfants avec poussette.

Si le # peut s’avérer utile, son inondation dégoulinante sur les réseaux sociaux devient insupportable et nous pousse à bloquer des comptes redondants de bienveillance.

Commençons par regarder notre centre, ce qui nous entoure avant de vouloir s’occuper de la politique d’un pays se trouvant à l’autre bout de la planète et dont on serait même incapable de localiser sur une carte.

Apprenons nous, visitons le lieu que nous habitons et dans lequel nous évoluons quotidiennement, devenons conscient de nos actions, ne devenons pas des colonisateurs de la pensée ultime.

Namaste,