Rachel Brathen a rendu populaire cette phrase : « The Goal of Yoga (no it’s not the handstand) »(…), dans laquelle elle explique que le « but » du yoga n’est pas tant dans la posture que dans le fait de se retrouver face à soi même en retirant toutes les couches derrière lesquelles on se cache.

C’est effectivement une opinion que je partage.

Le Yoga dans sa globalité ne devrait pas avoir de but, ni de challenge. Il devrait être pris de façon neutre, car dès lors que l’on y colle un but, une ambition on y met une certaine attente. Et si la régularité n’est pas au rendez-vous on risque d’être très déçu.

Le Yoga ne se trouverait donc pas dans l’accomplissement d’une posture.

En revanche l’implication que l’on mettra dans la pratique des postures de yoga, peut nous amener tranquillement à nous défaire de nos couches superficielles qui nous empêchent d’avancer.

Si pour comprendre qui l’on est et ce que l’ont ressent, on doit passer par son tapis de yoga pour se tordre dans tous les sens ;

Si le but dans ce moment présent, est de pouvoir accomplir telle posture, est-ce que pour autant on pratique le yoga ou bien pas du tout?

La plupart des pratiquants passent par la pratique des postures de yoga. Le reste vient plus tard.

Le jour où l’on réussit à faire une posture au demeurant inaccessible, ne sommes-nous pas, dans une certaine mesure, dans l’accomplissement du soi ?

Pour y arriver, n’a t’on pas dérouler son tapis tous les jours, pris le temps de sentir la posture, de l’intégrer organiquement parlant, de la répéter jusqu’à ce que le corps un jour l’enfile comme un gant?

Lorsque le mental ne peut plus nous contre dire, et que la peur de faire une posture n’existe plus, que l’on commence enfin à se faire confiance, n’est-on pas sur le chemin de la discipline face à cette pratique?

A force de se construire un corps endurant et souple, un jour on se découvre en équilibre sur les mains, sans peur, sans forcer, pour y arriver, n’a t’on donc pas été patient et échafauder une pratique en partant de la base ?

Puis un autre jour, après une heure et demi de pratique, on se retrouve dans un shavasana réparateur d’où l’on sortira pour s’asseoir sur le tapis et soudain la respiration se met en place tout seul et on découvre que l’on peut commencer alors à pratiquer des rétentions poumons pleins puis plus tard poumons vides. Et doucement on se retrouve dans un état de plénitude prêt à commencer la méditation.

Le plus longtemps et le plus régulièrement la pratique s’installe, le moins de postures nous aurons besoin de faire.

Le corps change et vieillit et un jour il dira « non pas de Marichyasana D« , il faudra l’accepter.

Même si Iyengar a pratiqué toute sa vie, nous ne sommes pas tous fait dans le même moule. Comme la pratique sera divinement intégrée dans notre corps on saura alors exactement quoi et ne pas faire.

Mais pour arriver à ce stade, il aura fallut donner de soi sur le tapis et au fur et à mesure de l’évolution changer l’approche, refaire sans jamais vraiment déconstruire car les bases restent.

Il y aura donc eu des buts, des envies, des équilibres sur la tête, des flexions arrière dignes du film de l’Exorciste, on aura certainement posté nos exploits sur Instagram pour encourager tout le monde à le faire, non pas par ego, mais si quelque chose nous fait du bien, alors il est important de le partager.

Il faut savoir faire la différence entre la superficialité et le fond.

Pour arriver à cette conclusion, Rachel Brathen a certainement du en passer des heures sur son tapis de yoga, même si elle n’a que 30 ans….

Iyengar disait « Le yoga ne change pas seulement la façon dont on voit les choses, il change la personne qui les voit« .

On pourrait faire un exposé sur cette phrase tellement elle est forte.

Plus l’on pratique, plus l’on change, plus les choses que nous faisons évoluent car nous les faisons sous un autre jour avec un nouveau regard et une nouvelle approche.

Le Yoga nous ouvre des portes qui nous proposent plusieurs chemins, il n’a pas de but, et n’anticipe rien du tout.

Nous sommes tous uniques, faisons que notre pratique le soit aussi.

Namaste,