Pouvoir diriger les élèves vers une pratique consciente, dans laquelle on les rend responsable de leur mouvement.

Il arrive après avoir démontré une posture sur 3 niveaux, en commençant par le niveau débutant, intermédiaire et avancé, de voir les élèves qui ont le moins de capacité essayer directement d’entrer dans la posture avancée, sans même se poser la question de savoir s’ils peuvent tendre les jambes, allonger le dos, attraper les gros orteils, le tout dans un souffle.

Lorsque je rencontre ce genre de situation, au lieu de corriger l’élève en question, je lui demande pourquoi il souhaite allonger les jambes alors que le dos est rond et que visiblement il est en souffrance. Ou alors je lui demande s’il est confortable dans son asana, la réponse sera non, ma seconde question sera alors qu’est-ce qu’il doit faire pour rendre la posture agréable.

Attraper le gros orteil – Padanghustasana, Trikonasana, Uttitha Hasta Padanghustasana

Il y a une différence entre attraper le gros orteil parce que l’on « doit » l’attraper, et l’attraper en y mettant une intention.

L’une des raisons pour laquelle on attrape le gros orteil, est pouvoir garder les omoplates connectées, sans avoir les épaules au niveau des oreilles, le dos ouvert, le torse droit, les épaules sur une même ligne.

Pour cela il faut pouvoir créer une opposition entre le gros orteil que l’on tire vers nous et l’orteil qui pousse vers l’avant.

Si on ne peut pas attraper l’orteil, ajuster la posture à notre niveau. On peut plier les genoux tout en gardant un dos allongé, poser la main sur le tibia pour Trikonasana, utiliser une sangle pour Uttitha Hasta Padanghustasana.

Dans ces trois cas de figure, il faudra tout de même créer une opposition, par exemple la main sur le tibia dans Trikonasa poussera contre au lieu de recevoir tout le poids.

Main(s) au sol – Adho Muka Svanasana, Parshvakonasana A & B, Ardha Chandrasana

Une main sur le sol n’est jamais là par hasard.

Si les élèves se plaignent d’avoir mal aux poignets dans Adho Muka Svanasana, cela vous donnera une bonne indication sur la répartition du poids du corps. Les mains au sol pressent contre celui-ci, vers le ciel de manière verticale et/ou horizontale, on peut aller dans plusieurs directions à la fois.

La main au sol dans Parshvakonasana ne doit pas s’affaisser dans le sol, car elle doit nous aider à tourner le torse, le poids dessus devrait être entre 5 et 10%.

De la même manière dans Ardha Chandrasana, la main au sol aura une action de pousser contre pour garder les épaules sur une même ligne et garantir de ce fait un meilleur équilibre.

Avoir un bon équilibre – Vrikshasana, Natarajasana

S’il n’y a pas de problème d’oreille interne et autre diagnostique participant à une perte d’équilibre, le manque de balance une fois la jambe levée vient bien souvent d’une absence d’implication de la  chaine musculaire concernée.

Pour la posture de Vrikshasana, si le pied à l’intérieur de la cuisse est juste « posé » sans pression contre la cuisse, il ne se passera rien. La jambe au sol pousse contre le sol, le pied contre la cuisse devra presser l’intérieur de la cuisse, ce qui aura pour effet une meilleure ouverture sur le côté pour le genou et un bassin en position neutre.

Dans Natarajasana, si l’on se contente de n’attraper que la cheville et de descendre le torse en avant, l’équilibre risquera d’être compromis.

Garder la sensation d’éloignement entre la cheville et le fessier, par exemple si l’on attrape la cheville droite en pliant le genou, l’idée sera de « quicker » la jambe pour l’éloigner le plus de la fesse droite, en revanche pour que cela donne un bon résultat, il faudra que la main qui attrape la cheville donne une résistance afin de garder l’humérus (os du bras) connecté dans l’omoplate, ce qui au final permettra de garder les deux épaules sur une même ligne, le torse droit.

Plus la jambe en arrière sera active, plus l’équilibre sera renforcé, un peu comme un arc que l’on utilise avant de lancer la flèche.

Les pieds au sol – Virabhadrasana, Parshvotanasana, Prasaritta Padottanasana

Il y a deux écoles, celle du « étirer le tapis » et celle du « absorber le sol ». Pour ma part je préfère l’idée d’absorption.

Garder les hanches alignées sans tourner le torse peut paraitre difficile. On ne pourra pas avoir un alignement parfait au début, en revanche on peut s’en approcher. Souvent lorsque l’on demande aux élèves de s’ajuster, le mouvement part du torse au lieu des jambes.

Virabhadrasana I : Jambe droite devant pliée au-dessus du genou, jambe gauche tendue derrière, pied légèrement rentré. Pour garder les hanches alignées, il faut reculer la hanche droite pour avancer la hanche gaude, on peut aussi donner l’image de replacer le haut du fémur dans la hanche. Même chose pour Parshvotanasana, sauf que les deux jambes sont tendues.

Prasaritta Padottanasana : la meilleure image à donner serait de serrer un ballon entre les jambes pour activer l’intérieur des cuisses, on travaille donc le mouvement de l’intérieur vers l’extérieur.

Les postures au sol – Dandasana, Paschimottanasana

La même recette s’applique pour les postures au sol. Dandasana est une posture très active, les jambes sont tendues, les talons pressent contre le sol pour éviter l’hyper extension, les fémurs tournent vers l’extérieur, on est assis sur les ischions, le coccyx vers le sol, le bassin droit, les mains de chaque côté des hanches au sol qui pressent contre le sol pendant que la colonne s’allongera vers le ciel, les épaules légèrement en arrière, mais sans bomber le torse. Il se passe plein de choses dans cette posture.

De la même manière pour Paschimottasana, la tête et le haut du corps veulent aller en avant pendant que les omoplates descendent le long de la colonne vertébrale.

Une posture n’est jamais figée

Une posture n’est jamais statique, en fonction du nombre de respiration le corps est en mouvement, on allonge, tourne, étire, replace, ancre, pour que les énergies puissent circuler librement.

La respiration est bien la première chose à placer. Ensuite viennent les drishtis. Le corps se dirige là où le regard est posé.

En tant que professeur il faut pouvoir impliquer les élèves dans leur pratique en leur donnant un maximum de clefs pour comprendre ce que l’on allonge, comment on l’allonge, ce qui doit être étiré. Pas ce que l’on « doit » ressentir, le ressenti dans une posture est quelque chose d’extrêmement personnel.

Pouvoir comprendre la posture pour pouvoir la traduire au mieux, c’est la pratiquer en amont.

On parle beaucoup des ouvertures de coeur, activation des chakras, des bandhas, lors d’une pratique. Ces actions arrivent plus tard.

La pratique dans l’ensemble est assez simple, on inspire on se grandit, on expire on s’allonge vers l’avant, l’arrière ou sur le côté. On s’installe dans la posture, on l’habite, on y entre par la petite porte au début pour ensuite y découvrir tout son potentiel et le celui de l’asana.

Il faut arrêter de faire croire aux gens que les chakras vont s’activer en faisant Trikonasana ou autre posture, assistons les élèves dans la compréhension du comment entrer et sortir d’une posture pour en tirer tous les bienfaits tout d’abord physique, pour ensuite pouvoir les guider vers une pratique plus holistique.

Namaste,