Le désir d’enseignement vient d’une volonté de transmettre quelque chose que l’on maitrise, que l’on connait et que l’on continue d’explorer.

Je le dis peut être trop souvent, mais rares sont les professeurs de yoga, pour la plupart, moi inclus, nous n’enseignons que des postures de yoga, des exercices de respiration, qui aident à la préparation de la pratique du yoga.

Pour autant ce n’est pas négligeable.

Chacun à notre niveau, apportons notre pierre à l’édifice.

L’important est de savoir ce que nous enseignons, que ce soit un style déjà existant, ou celui que nous décidons de créer.

On le voit tous les jours, le « Yoga » est maintenant vendu à toutes les sauces.

Il y a 12 ans quand j’ai commencé par enseigner le Pilates, je me suis vite rendue compte que tout le monde pouvait et enseignait sa « propre méthode ».

Certains diplômés d’Etat ne suivaient même pas de formation, après avoir assumé que la Méthode Pilates n’était en fait rien d’autre que des exercices abdominaux, ils participaient à quelques cours et s’inventaient par la suite praticien Pilates.

Je donnais des cours de Pilates avec un « Swiss Ball » dans les studios qui n’avaient pas de machine Pilates, et je reproduisais les mêmes exercices du Reformer sur la balle. Mes cours étaient alors complets des semaines à l’avance et souvent des professeurs de fitness y participaient pour ensuite enseigner la même chose dans leur club de gym.

De nos jours une nouvelle orthographe de cette méthode est apparue « Pilâte »……. et petit à petit on oublie carrément qui était Joseph, et l’année de sa création….

C’est ce que l’on appelle la rançon de la « gloire ».

Que ce soit l’enseignement de la Méthode Pilates ou du Yoga, un vrai changement, un virage à 90° a été pris en l’espace de 12 années.

Maintenant vous pouvez vous inscrire à une formation de Yoga, pour laquelle votre professeur aura 30 ans, et sera fraichement « RYT 200 », c’est très courant dans les grandes écoles. Les étudiants viennent pour se former, et ensuite vous les retrouvez « professeur d’enseignant ».

En-dehors des pratiquants déjà installés et en place depuis plus de 20 ans, il y a maintenant des professeurs de yoga, très jolie, jeune, souple, qui sont mis en avant par les réseaux sociaux du fait de leurs belles postures. La coquille peut être vide ce n’est pas grave, le format reste joli.

Et du coup ça donne des « pratiquants » en mal de devenir professeur de yoga avant tout.

Ils n’ont aucune idée de ce qu’ils pratiquent….. de manière générale le Hatha Yoga c’est pour les vieux, le Vinyasa c’est plus dynamique.

Dernièrement j’ai reçu pas mal de messages qui m’ont un peu alarmée.

Des gens pleins de bonnes intentions envers le yoga, en quête d’une spiritualité, d’une nouvelle vie, d’un nouveau cap à prendre, qui ont découvert le yoga au-travers d’un cours suivi, donné par une star youtubeuse et qui ont trouvé ça « trop bien, car après je me suis sentie plus légère« , qui s’empressent par la suite de consulter internet à la recherche de la formation qui fera d’eux des êtres de lumière.

Dès lors que vous leur demandez « mais pourquoi  souhaitez-vous, vous lancer dans une telle formation ?« , la plupart ne répondront pas et choisiront une école qui ne posera pas tant de questions, qui acceptera un formulaire d’inscription avec un paiement.

Une personne à qui j’ai parlé au téléphone et dont les principales préoccupations étaient de savoir « si la formation était certifiante, si le diplôme était reconnu, si elle pourrait enseigner à la fin de la formation », s’est étonnée de ma réponse quand je lui ai dit « je ne peux pas vous garantir que vous allez devenir professeur de yoga, tout dépendra de vous, de votre expérience. Qu’elles sont vos connaissances, votre expérience du yoga ? que pratiquez-vous« ?

Une autre m’a contactée car sa soeur enseignait le Yoga, et elles avaient le projet d’ouvrir un centre à la rentrée prochaine, d’où l’urgence de suivre une formation de yoga……. mais cette personne n’était en rien une pratiquante, tout juste elle voulait savoir si c’était mieux de suivre une formation Hatha ou Vinyasa….

Je suis confuse.

Il est vrai que je suis sans doute plus « à l’ancienne », mais si je compare mon expérience personnelle, jamais je n’aurai entrepris de me former les mains dans les poches.

Que ce soit pour la Méthode Pilates que j’ai pratiquée en amont avant de me ruiner pour suivre la formation, ou le Yoga. Je me documente un tant soit peu sur le sujet. 

Si la question du « diplôme » est si importante, pourquoi ne pas aller chercher l’information sur internet ?

Si Yoga Alliance US est si important dans le parcours, pourquoi ne pas se documenter sur ce que fait vraiment Yoga Alliance et à quoi il sert ?

Comment avoir des attentes envers une formation de yoga, si l’on ne connait pas le sujet ?

Le travail de l’étudiant ou de la personne qui cherche à se former est avant tout de savoir ce qu’elle souhaite enseigner, souvent la réponse viendra de sa pratique. S’il n’y pas de pratique, ça va être difficile.

La deuxième question serait « pourquoi je souhaite enseigner le Yoga ? qu’est-ce que je souhaite transmettre ? ». Ce n’est pas une question facile je l’avoue, mais il est bien de se la poser, si on n’a pas la réponse tout de suite peut être que ça ca viendra dans le temps.

Que ce soit pour toute autre activité d’ailleurs, pas seulement pour le Yoga.

Je pense que si demain vous souhaitez quitter votre travail pour vous lancer dans la cuisine, la base serait de savoir cuisiner. Si comme moi vous vous demandez combien de temps faire cuire un oeuf à la coque, ça risque d’être un peu tendancieux de se lancer dans la confection de petits plats.

Alors effectivement, les personnes qui proposent des formations de yoga sont aussi là pour vous répondre.

En revanche, elles ne sont pas là pour choisir à votre place. Si vous vous demandez « voilà je pratique ça, mais je ne connais pas ce style en revanche et je me demande si je devrais m’y former », nous n’avons pas la réponse tant elle se trouve déjà dans votre phrase.

Un autre jour une personne fulminait car je lui ai dit qu’en étant débutant, ce n’était pas une bonne idée de suivre une formation de yoga. Elle m’a répondu « mais telle école (connue sur Paris), m’a dit que ça ne posait aucun problème« . Je l’ai encouragée à la suivre, car je n’avais pas à me justifier de mon refus. Sur ce elle m’annonce « mais la votre (de formation) est moins chère« ……. donc là on se retrouve dans un souk. Non seulement je dois expliquer l’incohérence de cette demande mais en plus je dois être flattée de la démarche car je suis moins chère, donc plus intéressante, donc quelque part plus coulante….

C’est la Foire de Paris en somme !

Et ce sont dans ces moments, que je suis infiniment reconnaissante envers les étudiant(e)s qui se sont inscrites, s’inscrivent et avec qui j’échange sans problème. On dit que les élèves choisissent leur enseignant mais sachez que l’enseignant aussi choisit ses élèves.

Même s’il s’agit d’un « business », que c’est bien d’avoir des élèves dans une formation, qu’une formation qui a plus de 15 élèves aura meilleure allure en « photo » qu’une qui n’en n’aura que 2, je préfère sincèrement passer du temps à lire les formulaires, échanger avec les personnes par courriel, Whatsapp ou Skype, au lieu d’accepter sans problème tout le monde tant que la facture est payée.

Je suis certainement de la vieille école, et ça me convient parfaitement !

Namaste,