Même si cela devient de plus en plus rare, j’ai eu pour habitude de recevoir des commentaires de personnes prenant au premier degré mes articles, sans en peser l’ensemble. Je me dois donc de commencer celui-ci par ces mots.

Ce post ne condamne et ne juge personne en particuliers. Il est le reflet de mes pensées. Il est sans doute très personnel, car ce sont mes mots et mes interprétations. Lisez le comme un ressenti de ces derniers jours, qui s’étale donc sur toute la période de confinement.

Le Début

Depuis le début de l’année nous avons été dans l’ombre du Covid. Etant en Asie au moment où celui-ci a tapé sur l’Europe, je n’ai pas vécu le début de cette pandémie de la même façon. Je dirai qu’elle était plutôt illusoire. C’était juste l’histoire d’un navire de croisière que personne ne voulait recevoir et qui aurait pu terminer en bateau fantôme, ce qui aurait donné un très bon scénario pour un film à venir, made in Hollywood.

Puis la Chine a fermé ses frontières. Cela a commencé alors à m’interpeller, mais simplement parce que j’étais directement concernée par la Chine. Je devais y aller en mai pour y suivre une formation de Qi Gong. Mon voyage était donc compromis. C’est à ce moment là que j’ai compris qu’il y avait peut être un « vrai » problème, et que quelque chose se jouait autour de nous. Avant ça je vivais normalement.

Mon quotidien n’avait rien à voir avec ce que je pouvais lire sur Internet. Tout allait très bien.

Puis mi-mars, la bombe covidesque a explosé et avec Trupta nous avons été doublement impactés car nous avons du annuler notre formation.

Vous l’aurez donc compris, tant qu’un « problème » au demeurant ne vous touche pas « personnellement », il ne vous concerne pas. C’est bien connu, ça arrive tout le temps « aux autres ».

Tant que nous ne serons pas en guerre, jamais nous ne pourrons ressentir et comprendre ce que peuvent vivre les gens qui tentent d’échapper à leur pays en devenant des réfugiés illégaux, s’échouant sur une plage quelconque, accueillis au mieux par des organismes indépendants, au pire, par des matraques une fois qu’ils arrivent à toucher le sable.

Sur notre canapé à regarder les infos et la fin du monde annoncée prochaine, jamais nous ne saurons ce qu’est la faim, tant que l’on pourra aller au Franprix du quartier, accessoirement pour acheter des tonnes de PQ…

Pendant un instant, nous avons connu « la peur ».

Pendant un moment, nous avons pris conscience que peut être, tout pouvait s’écrouler, que rien n’était acquis.

Mais ça c’était sans compter sur les gens qui ont quand même fait la queue sur des kilomètres pour aller se taper un MacDo….

Le Pendant

Une fois que la politique de la peur a été mis en place (parce que quand même, je sais bien que des gens sont morts, mais reconnaissons le travail formidable des médias qui ont tout de même réussi à formater nos cerveaux, en nous maintenant dans une peur constante : en premier de nous (suis je malade), puis des autres (est-ce qu’il est malade), et pour finir de dehors (si je sors je vais devenir malade))… pleins de choses ont pris naissance sur les réseaux sociaux.

Et la première chose flagrante a été les cours en ligne, en live, gratuits, payants, prodigués de bonnes intentions par de vrais pros, puis de moyennes intentions par des opportunistes qui y ont vu là une très belle opportunité de rayonner.

J’y ai découvert des professeurs formidables, des pépites, et les autres….

Avec Trupta, au début nous nous sommes mêmes pas posé la question de savoir si oui ou non nous ferions des live. La réponse était non, car on croyait que les gens avaient autre chose à penser qu’à dérouler leur tapis de yoga.

Nous avons eu tort, il semblerait que la moitié de la population mondiale se soit découverte une vraie passion pour le sport en général.

Pour ma part, au début de tout ça, vu que je rentrai en France, je n’avais qu’une envie c’était de dormir et disparaître. J’avais besoin de recul. Je n’ai pas eu ce recul.

J’en ai profité pour faire des vidéos, mais comme c’était déjà dans mes plans, j’ai mis l’accélérateur pour le faire.

Je me suis retrouvée à publier quasiment tous les jours. Et j’ai compris que les « Youtubeurs(es) » en fait font un vrai travail. C’est très difficile de filmer, couper le film, mettre bout à bout, le monter, mettre de la musique, rajouter la voix, le mettre sur YouTube. En gros une vidéo d’une heure à filmer, c’est une journée de travail.

Les personnes qui vivent de YouTube, que leur contenu soit plats ou intéressants, ont vraiment tout mon respect. C’est comme tout, quand on est ignorant on ne peut pas comprendre, mais là maintenant je sais.

J’ai aussi compris, ce que pourtant on m’avait déjà dit en amont mais que je n’écoutais que d’une oreille, les réseaux sociaux ne sont pas tant pour se faire des amis et poster une jolie robe, non c’est un vrai outil de marketing.

Oui vous allez peut être rire à me lire, mais j’ai 46 ans, je n’ai pas grandi avec Internet, et je ne suis sur Instagram que depuis deux ans… je ne pensais pas que cela pouvait être important pour se faire connaître, j’en avais une vague idée mais je n’avais jamais saisie l’impact considérable que cela pouvait avoir.

Et puis « se faire connaître » ne faisait pas non plus partie de mes préoccupations. Je pensais bêtement que si les gens tombaient sur mes articles, cela serait sans doute suffisant pour leur donner envie de cliquer sur l’onglet « formation » ou « stage ». Après tout quand j’ai commencé Samyak Yoga cela avait fonctionné alors pourquoi faire des vidéos et voir ma tête sur Facebook, Instagram ET YouTube…

J’ai donc regardé une communauté Yoga, Pilates, Fitness, Cuisine et autre, utilisée les réseaux sociaux….. et se copier mutuellement.

D’un tutoriel à l’autre, les gens se répétaient. Cependant il était assez facile de différencier les « originaux » versus les perroquets. Et c’est à partir de ce moment où j’ai commencé à être déçue.

Car faire une démo sur une posture c’est un vrai travail « physique », il faut le faire avec son ressenti personnel et non pas parce que la vidéo d’untel a fait un certains nombres de vues, et donc attendre quelques jours pour ensuite reproduire la même, en changeant ça et là quelques petites phrases…. j’ai trouvé ça dommage.

Certains comptes m’ont plus interpellés que d’autres tant il était évident que si propriété intellectuelle il y avait, elle s’en est retrouvée violée à bien des égards.

Du coup je me suis posée la question de savoir, même si je n’ai pas le niveau de starification de certains, si je devais continuer de publier des vidéos ouvertes à toutes interprétations et reprises éventuelles, ou bien si je devais simplement faire des vidéos dans lesquelles au lieu de diffuser ce que je pense savoir, je n’en partage que la surface.

C’est encore en débat avec moi-même. Je ne sais pas.

Je suis en revanche très contente de voir que Sharath Ji, a reversé le montant perçu de ses cours en ligne (soit à peu près 9000€) pour les recherches sur le Covid. 

 

Ce qui je vous l’avoue, m’a redonné « foi » envers la profession.

Il est somme toute assez malheureux que d’autres, ont profité de cette période pour continuer de vendre leur programme en ligne, à des prix défiants toute concurrence, alors que fondamentalement parlant, comparés au petit studio de quartier qui lui galère pour payer son loyer, ils n’en n’avaient pas vraiment besoin.

Cependant je note qu’ils ont eu l’intelligence de le faire et je ne sous estime pas le travail mis en place.

Les stars de yoga instagramiennes ont « pris » énormément de nouveaux abonnés pendant le confinement, sans pour autant leur faire de cadeaux financièrement parlant. Mais le plus dingue dans tout ça, c’est que les gens ont continué de payer…. chercher l’erreur.

Moi qui pensait que tout le monde allait être dans la merde financièrement parlant pendant cette période que je trouvais assez opportune pour faire preuve de partage, j’avoue avoir été surprise par cette recrudescence de cours payants, allant parfois jusqu’à 15€ !

L’ensemble venant de professeurs pourtant bien installés dans la yoga sphère ; je ne parle pas des auto-entrepreneurs qui s’ils n’ont pas réussi à recevoir l’aide de l’état, se sont retrouvés le bec dans l’eau, avec que les yeux pour pleurer…..

J’ai donc ouvert les yeux sur un monde que je ne connaissais pas vraiment. Je pense que j’ai passé trop de temps à vivre en Inde.

Puis vient à mon esprit l’histoire de Bikram, gourou indien millionnaire à la réputation sulfureuse, qui contre toute attente, malgré un procès perdu, et son exil forcé vers d’autres pays, au lieu de purger une peine de prison, continue de vendre des formations de yoga en Europe qui, accrochez-vous bien, affichent complètes. Un peu comme Polanski, doit-on juger l’artiste et dénigrer son travail ou bien l’homme, peut on faire une différence entre les deux ?

En fait le yoga pour ce qu’il est, je crois qu’il faut en faire un deuil. Ce qui prime avant tout c’est l’image de « soi » que l’on vend. Bonjour Ego.

Si vous n’êtes pas un yogi des années 80/90 et que vous souhaitez vous faire un nom dans notre époque actuelle, il vous suffira d’un bon backbend, un équilibre sur les mains bien contrôlé, un corps ferme et joli à regarder, mais surtout une bonne connaissance en marketing sur les réseaux sociaux, avec des contacts dans le show business ce sera plus facile je l’avoue. Le reste suivra ne vous inquiétez pas. Le sac Gucci et l’appartement dans le triangle d’or de Paris est à portée de mains.

Je reste infiniment reconnaissante envers Mary Taylor et Richard Freeman qui ont proposé des cours de philosophie sur Facebook gratuitement, ouvert à tous, dans une simplicité totale. Une chaise, un mur, une caméra, pas de maquillage ni de vêtements à vendre. De l’or en barre.

Même si les programmes qu’ils proposent en temps normal sont assez chers, il faut le dire, leurs mots et enseignements sont d’une richesse incroyable. Ici je parle alors d’un investissement culturel sur le long terme et non pas d’un manuel pour lequel on aura tout simplement photocopié ce que sont les chakras, bandhas et autres aphorismes de Patanjali, le tout imprimé sur du papier épais rendant le manuel plus lourd…

En-dehors de ça j’ai regardé évolué d’autres personnes dans la simplicité et le partage, je pense par exemple à Clio qui a été un soutien incroyable quand j’étais à Bali et que je ne savais pas si oui ou non je devais rentrer, à Gwen qui était aussi coincée à Bali et avec qui nous avons échangé pas mal durant ce temps de transition/rapatriement/billet d’avion trop cher et compagnie, à Alexandrine qui a contacté pour moi l’Ambassade de France alors que j’étais quelque part à Ubud sans téléphone fixe, à Ahmid et Claire qui ont toujours réussi à me remonter le moral même s’ils ne savaient pas que j’étais down, à Fred qui a toujours été présente entre ma transition indonésienne et France, à Alex qui m’a reçu dans son appartement à Paris les bras ouverts, un coeur énorme ET un tapis de yoga (PS. Je le redis si vous voulez un tapis de Yoga c’est chez Mala Brahma que vous devez aller, mon Lululemon n’a pas un an, il glisse)…

Puis aussi ma mère et ma soeur, avec qui nous avons vécu avril sous l’ombre du départ de mon père. C’est dans le confinement que nous nous sommes retrouvées.

L’Après

On a tendance à croire que l’après sera mieux, que l’on aura appris de nos erreurs passées.

Je ne suis pas certaine de ça. J’aimerai bien, j’ai toujours rêvé vivre dans le monde des Bisounours.

Mais quand je vois le comportement humain en général, je pense que notre bonne vieille société de consommation a encore beaucoup d’avenir.

Les gants en plastique et les masques en papier qui jonchent les rues, on en parle ou on attend qu’ils se retrouvent dans les océans autour de la carapace d’une tortue venue pondre ses oeufs sur une route goudronnée, en lieu et place de sa plage de naissance ?

Histoire de l’Humanité à suivre…