« Yoga is when every cell of the body, sings the song of the soul  » 

« Le Yoga c’est lorsque chaque cellule de notre corps, chante la chanson de l’âme ».

BKS Iyengar

A partir du moment où l’on commence une pratique physique de manière professionnelle, que ce soit pour la qualification aux Jeux Olympiques, le classement à l’ATP, la préparation à un marathon, ou dans le but de développer une pratique de yoga dans sa globalité, il faut comprendre que le corps sera mis à rude épreuve.

Tous les sportifs de haut niveau, se sont blessés à un moment de leur vie.

Si l’on prend l’exemple des footballeurs, je ne pense pas qu »aucun d’entre eux puisse déclarer ne jamais avoir eu un claquage tout au long de leur carrière.

Les blessures font (malheureusement) partie de la pratique de n’importe quelle personne ayant une activité physique régulière voir quotidienne.

Il faut apprendre à les gérer, les contourner mais par-dessus tout il faut savoir travailler autour et avec elles.

Le sujet n’est pas nouveau, je vous invite à lire l’article « Ode à mes blessures » écrit en décembre 2018.

On peut aussi faire le choix de changer d’activité, dès lors qu’une blessure se pointe le bout du nez. En revanche, jamais on ne pourra développer une régularité et une évolution quelconque car le corps étant habitué à travailler d’une certaine manière, le fait de changer complètement de pratique risque de ne pas trop lui plaire.

Le corps garde une petite carte Michelin imprimée dans le système nerveux et par la même les fascias.

Personnellement j’ai toujours fait du sport et je me suis blessée dans tous les sports. L’image ne fait pas rêver je sais, mais c’est la vérité.

Au moment où je tape ces lignes, j’ai l’immense honneur d’avoir donné naissance à une toute nouvelle blessure, qui en même temps m’a permis de résoudre mon problème d’épaule. En revanche, le mal s’est déplacé de l’épaule au coude gauche.

Ce que je ne peux plus faire :

  • Adho Mukha Svanasana
  • Chaturanga Dandasana
  • Toutes les transitions en Vinyasa
  • Tous les équilibres sur les mains
  • La plupart des flexions arrière nécessitant une pression des mains contre le sol.

Ce qui pour une Ashtangi, peut paraître difficilement gérable quant à mes pratiques régulières.

La bonne nouvelle c’est que je peux faire tout le reste.

J’ai un professeur fabuleux.

Quand je lui ai dit que je ne « pouvais plus pratiquer », il m’a demandé de le rejoindre au shala avant la classe guidée le lendemain même.

Il m’a donné 20 minutes de son temps, c’est précieux.

J’ai compris assez vite, que pour un temps donné, je ne pourrai plus faire la Première Série au complet. Et à ma grande surprise je l’ai accepté. Je ne dis pas que ça ne m’a pas fait de peine.

Pendant la pratique guidée, je me suis installée au fond du shala et Iain m’a laissée découvrir ma nouvelle pratique. Je sentais son regard bienveillant, je ne pouvais pas suivre les comptages en Vinyasa car chaque mouvement devait être réétudié.

Ce ne fut pas ma meilleure pratique, niveau « physique », en revanche ce fut la meilleure niveau connection avec moi-même, mon ressenti, ma respiration. A ce moment là j’étais vraiment à la recherche de la posture stable et confortable (Patanjali si tu me lis).

Ils se présentent maintenant deux choix :

  1. M’apitoyer sur mon sort en repensant à ma pratique d’avant hier où je volais littéralement sur mon tapis.
  2. Repenser ma pratique au complet.

L’option deux étant la meilleure et la plus sage. « Repenser » m’amène à « panser » (soit soigner, méditer, réfléchir)….. 

Une belle introspection

Depuis presque un an et demi, je suis en mode guérison de moi-même. Il est donc intéressant de voir où je me situe aujourd’hui.

Je me rends compte que j’ai construit mes pratiques autour de dénis.

Tout comme j’ai quitté un environnement de yoga professionnel dans lequel j’évoluai en n’étant pas autorisée à être qui j’étais vraiment.

M’autorisant un parallèle de ce que j’ai fait de mes cinq dernières années en Inde, de qui je pensais être durant cette période et le jumeler avec l’évolution de ma pratique d’Ashtanga Vinyasa Yoga, une évidence est sortie : je me suis battue souvent avec moi-même et surtout contre moi.

Pouvoir admettre et surtout accepter que notre plus grand ennemi est avant tout : nous-même.

La plus grande difficulté, et je pense ne pas être la seule dans ce cas, étant de pouvoir s’affirmer complètement, tel que l’on est, sans masque. Pouvoir assumer ses choix, souvent pris par le ressenti de nos propres émotions.

Même s’il serait mieux de ne pas être impacté par nos pensées, il est assez rare de réussir à prendre une décision sans avoir été au préalable influencé par la vue, l’odorat, le toucher, les mots etc.

Exemple tout bête : vous passez devant une boulangerie qui vient de sortir le pain du four, l’odeur va probablement vous inciter à y entrer et sans trop savoir pourquoi on repart chez soi avec une baguette sous le bras…. On l’a tous fait au moins une fois dans sa vie.

A Noël l’odeur du sapin sacrifié pour la beauté des coutumes, donne envie de cocooning, d’amour et de paix universel pour le monde entier. C’est la raison pour laquelle les sapins au premier janvier de chaque année, encombrent les rues….

Quand on ne va pas bien, besoin de changement, souvent après une rupture, un divorce, on fonce chez le coiffeur dans l’espoir d’un renouveau.

On réussit à « s’autopatcher » sans jamais s’autoriser à briller pour ce que l’on est vraiment.

Exemple de notre société « people » : Même si elles sont riches par millions, je doute fort que les soeurs Kardashians soient les personnes les plus équilibrées sur la Terre et j’émets des réserves sur le fait qu’elles soient complètement épanouies dans l’acceptation du « Soi »….

Si tout le monde s’aimait et s’acceptait pour ce qu’on est fondamentalement parlant, il y aurait probablement moins de mariages, d’enfants et surtout moins de divorces.

Car le monde, tous continents confondus, aurait compris que le bonheur ne dépend pas de la faculté de l’autre à nous rendre au centuple l’amour reçu et par la même, le besoin d’être aimé en retour.

La Vie est un éternel recommencement

Les écritures védiques nous disent que nous vivons dans des cycles. On nait, on fait notre vie, on vieillit, et on quitte ce corps, considéré comme un véhicule, pour en rechercher un autre.

Si dans le cycle « animal » que constitue la naissance, la vie, la mort on ne se donne pas les moyens de s’éveiller, alors il continuera de la même manière.

En revanche le yoga nous propose autre chose : celui de se connaitre soi-même.

Par différentes pratiques que ce soit les règles établies par le Hatha Yoga Pradeepika ou bien celles que constituent les 8 membres de l’Ashtanga Yoga, expliqués par Patanjali.

Nous avons donc le choix dans notre vie de la vivre comme elle nous apparaît ou bien de la sublimer.

L’éveil spirituel peut arriver très tôt, ou très tard. Ce n’est pas important, ce qu’il faut retenir, c’est qu’il est à la portée de n’importe qui.

Je ne vous recommande pas de vous blesser pendant une pratique des postures pour avoir ce genre de crise existentielle.

Par contre je vous souhaite le moment où vous commencerez à vous poser des questions. Mais pas aux autres, à Vous Même !

Namaste,

NB – Lors de la tournée Paramaguru de Sharath Jois, j’ai noté les phrases suivantes qu’il a prononcées :

 » How to keep yourself stable and peaceful – that is the goal of Yoga » – « Comment rester stable et en paix avec vous-même, est le  but du Yoga ».

« Yoga has to come within you » (difficile à traduire)….

« La pratique du Yoga vient par la soif de connaissance. Vous devez avoir faim et soif de connaitre ce que vous ne connaissez pas (sous entendu vous-même) ».

Sharath R. Jois – Décembre 2018, Ubud – Bali