Sur les Psychotropes

Les articles les plus lus sur ce blog, sont ceux qui parlent de mon expérience avec l’Ayahuasca, le Bufo et le Kambo.

J’ai tenté de relater ces expériences le plus honnêtement possible, sans y mettre l’emphase du « ça va changer votre vie », sans mettre en avant l’endroit où j’ai fait ces cérémonies. Pourquoi ?

Cela ne changera pas votre vie sur le long terme. Car il vous faudra avant pouvoir la distance.

Il y a quelque chose qui va vous changer le moment où vous faites le Bufo Alvarius, ça c’est indéniable, mais est-ce que votre vie sera plus riche, plus facile, que tous vos problèmes vont être résolus ? Allez-vous trouver votre chemin ? Est-ce que vous allez être enfin « vous » ?

La réponses à ces questions est non.

Tout simplement parce qu’il faut passer ensuite à l’intégration de ce que vous avez vécu. Et si vous retournez dans votre vie, vous allez être confronté à votre quotidien, le même que beaucoup de monde soit : le travail, l’argent, les amis, la famille, les problèmes quotidiens. Au début vous serez peut être imperméable à tout ça de par l’expérience que vous aurez vécue pendant la retraite chamanique, mais à moins de changer complètement de vie, de tout plaquer, de partir en sac à dos, votre réalité est et restera toujours présente. Cela changera la personne que vous êtes, peut être que vous aborderez les choses sous un autre angle, mais fondamentalement vous serez vite rattrapé par votre propre univers. Vous serez « mieux » mais vous ne serez pas parfait.

Les retraites chamaniques, les séances de breathwork, la prise de psychotropes en tout genre, changeront le moment présent, soit celui où vous êtes en état de conscience modifiée, mais pour qu’il y ait un effet sur votre futur, il faut faire un travail d’intégration sur vous même et cette partie est la plus difficile. Alors vous serez tenté de repartir pour vivre un nouveau voyage en espérant qu’à la fin vous serez plus consistant dans vos décisions, vos choix et pourrez changer durablement votre futur. Ne nourrissez pas trop d’espoir sur le après.

C’est un peu comme lorsque vous partez en vacances dans une contrée lointaine et que vous voyez des paysages que jamais vous n’avez vus auparavant. Vous êtes ébahi, émerveillé, et vous restez sur votre petit nuage quelque temps après votre retour. Mais votre réalité elle n’aura pas changé, elle sera la même, alors oui vous aurez passé de très belles vacances qui auront eu un impact positif sur votre vie à instant T., mais l’effet reste temporaire. Pour retrouver ce moment de complétude, il vous faudra replonger dans vos souvenirs.

Pourquoi je ne parle pas du lieu où j’ai fait ma retraite ?

Parce qu’il y a quelque chose qui me dérange dans leur démarche. Je ne doute pas de leur capacité, mais ce qu’ils font est maintenant réservé à une élite qui a de l’argent. Au moment où je suis partie, la première retraite était en-dessous de 2000€ et à la deuxième un peu plus de 2000€. J’avais cassé ma tirelire pour le faire, et donc quand durant la deuxième retraite à laquelle j’ai participé, le groupe n’était pas vraiment cohérent, j’avoue avoir été déçue de l’organisation et de la façon de gérer (en fait ils n’ont rien géré du tout).

Maintenant leurs prix sont aux alentours de 4200€… pour 3 jours de retraite dans un chalet à la frontière Suisse. Et ça c’est sans compter les prises de Kambo (300€) et de Bufo (350 voir 400€). En gros il vous faut débourser pratiquement 5000€ pour 3 cérémonies d’ayahuasca… je trouve ça vraiment très choquant; car les seules personnes qui peuvent se le payer sont des personnes riches. Et d’ailleurs à la suite d’une de leur retraite, une des participantes avait publié des photos d’elle à Monte Carlo, achetant une Rolex, car le Bufo lui avait ouvert les yeux et que tout était paix et amour et que rien n’était impossible. Je n’en doute pas, quand tu vis à Monte Carlo, que tu conduis une Ferrari et que tu te balades avec un sac Birkin, il est évident que le monde dans lequel tu évolues est beau mais assez loin de la réalité.

On se retrouve donc avec une élite qui peut tout se payer, et qui envisage la prise de psychotropes comme une petite escapade touristique. Un savoir ancestral développé et entretenu par des tribus amazoniennes, mis au service de blancs, riches, en mal de sensation, organisé par des chamanes blancs qui certes ont passé du temps dans la jungle, mais dont le seul but est de le partager aux personnes qui n’en n’ont pas vraiment besoin, sauf peut être pour nettoyer leur ego inondé par leurs billets de banque.

Je ne souhaite pas participer à ce genre de ce commerce.

Il faut envisager la prise de psychotropes comme une aide pour avancer sur des problèmes liés à des traumas vécus souvent dans l’enfance, ou alors de manière violente lors d’un accident de vie, mais pas dans l’espoir que tout ira forcément mieux après. Lorsque l’on décide de partir sur ce genre de thérapie il faut le faire avec une préparation en amont. Pour l’Ayahuasca c’est une diète sans produits transformés, ne provenant d’aucun animal et ce au minimum un mois en amont.

Quand vous participez en Europe, on vous recommande « au moins une semaine »; certains participants ne sont pas prêts du tout à prendre la plante et quand il retourne chez eux, ouvre une bière pour fêter leur trois jours d’état de conscience modifiée….. on est donc sur un commerce touristique de psychotrope.

En moins violent vous pouvez participer à des séances de « breathwork » durant lesquelles ont vous amène à faire une hyper ventilation pour atteindre un certain niveau d’état de conscience modifié. Pour y avoir participé à Paris, c’était « bien » mais sans plus. Par contre une fois que la séance est terminée, c’est merci, aurevoir et à très bientôt. Il n’y a pas d’accompagnement derrière, pas de discussion, simplement des gros câlins, des « you were amazing », « come back soon », et hop dans le métro et namaste.

Si vous allez sur le chemin de la respiration holotropique, celle-ci est encadrée : un respirant et un aidant. Suivi d’un entretien avec un psychologue. Les séances sont sur la durée, sur plusieurs jours, voir plusieurs semaines. Dans ce cas vous travaillez en profondeur sur les traumatismes et sur ce qui vous bloque.

Parce que la société va mal et part en cacahuète de plus en plus vite, on souhaite se « guérir » de plus en plus vite. Mais ce n’est pas possible. On ne peut pas soigner quelque chose qui nous colle à la peau et au mental depuis 20 ou 30 ans en trois jours ! ou en 3 heures !

Les programmes vendus avec le label « espace de guérison » sont souvent organisés par des personnes inexpérimentées qui auront été formées sur 3 mois tout au plus. La plupart se forment en thérapie holistique car eux mêmes ne vont pas bien, pour autant ont-ils résolu leurs problèmes après leur formation, je ne pense pas. Si j’en crois mon expérience personnelle avec la séance de breathwork à laquelle j’ai participé à Paris, de part le discours de l’enseignante, j’ai remarqué qu’elle n’allait pas bien. Elle a commencé son cours en nous parlant de détachement, soit.

En revanche sa définition du détachement était liée à une expérience personnelle qu’elle venait de vivre et je cite :

« Des personnes se sont désabonnées de mon compte Instagram et ça m’a fait de la peine, car je me suis remise en question en pensant que je n’étais pas bonne et que c’était de ma faute si je perdais des abonnés »…. Le tout avec un accent américain et une traduction approximative en français. En anglais sont discours sonnait mieux certes.

Je me suis dit que son raisonnement n’allait pas très loin.

Je ne sais même pas combien j’ai d’abonnés sur IG car je ne regarde pas, je ne sais pas qui me suit, se désabonne ou autre, j’oublie de suivre des personnes ou je ne suis pas, mais ce n’est pas dans mes priorités. Or cette prof de breathwork, qui par ailleurs donne des formations sur le sujet, nous transmet son mal être comme introduction à la pratique qu’elle va guider, en hurlant au son du tambour « ce n’est pas grave si vous perdez des abonnés, vous êtes parfaits et beaux comme vous êtes ». J’ai un peu halluciné quand même.

Je le dis souvent, mais les personnes qui sont mises en avant sur les réseaux sociaux, ne sont pas forcément les meilleures. Le problème est que nous évoluons dans une société de paraitre et c’est la couverture qui fait vendre et non pas le contenu.

Je donne à domicile deux cours de pranayamas à deux personnes très différentes, tant au niveau de l’âge que de l’expérience. Au début l’une d’elle m’a confiée qu’elle voulait vivre un état de conscience modifiée car elle avait lu quelque part que cela l’aiderait à soigner un traumatisme vécu dans son enfance. J’ai tout de suite pensé que ce rendez-vous serait le dernier. J’ai été très honnête avec elle, en lui expliquant que je ne faisais pas ce genre de chose même si je le pratique moi-même seule chez moi. Elle m’a alors demandé pourquoi et je lui ai répondu que ce que j’expérimentais sur moi était de mon fait mais que je n’avais pas les outils nécessaires pour les enseigner car je ne saurai pas lui traduire ce qu’elle a vécu. C’est-à-dire que je ne suis ni psychologue ni psychothérapeute. Je lui ai aussi confié, que malgré ce travail je trainais tout de même certaines casseroles derrière moi.

Du coup nous sommes partis sur des exercices de respiration encadrés, dans ma mesure, de ce que je connais, et sur les questions plus délicates elle a des séances hebdomadaires avec une psychologue qui est tout simplement divine.

Ce long article pour en fait ne dire qu’une chose : il n’existe pas de solution miracle qui peut changer votre vie en 72 heures (sauf dans les films).

La plupart des gens sont intéressés par le chamanisme parce que de manière ancestrale, c’est un chemin vers la guérison, quelque soit le problème. En revanche pour que cela marche il faut faire un travail personnel avant, pendant et après. Il faut aussi avoir un suivi régulier. Si des portes s’ouvrent, il faut savoir les refermer.

Le sujet est long, il y aurait tant à dire. Mais c’est ce que je souhaitais vous partager aujourd’hui.

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