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Trouver sa voi(e)(x)

J’ai 21 ans, un mal être que je traine et me colle à la peau, finit par me convaincre que je ne suis pas au bon endroit, pas dans le bon pays. Je pars alors trois mois aux Etats-Unis.

Vu mon âge et le peu d’expérience que j’ai de la vie, bien sûre que j’ai trouvé ça super.

Je décide alors de partir m’installer au Canada. Je fais toute la procédure pour obtenir ma résidence permanente.

On est en 1997. Je passe le certificat de sélection du Québec. Puis je poursuis avec tous les rendez-vous imposés dans le déroulement, je participe à plusieurs discussions à l’Ambassade du Canada. Trois mois plus tard, je reçois ma résidence permanente.

Je me rappelle être partie la chercher à la Poste un début d’été 1998. Dans la foulée je donne ma démission, et je pars m’installer au Canada le 22 septembre 1998. J’ai 24 ans.

Une expérience riche en tout, je décide de passer la citoyenneté canadienne. Je passe l’examen, je deviens officiellement citoyenne canadienne en 2000.

Deux ans plus tard je me sépare du seul homme avec qui j’aurai vécu en couple dans toute mon existence. Les deux dernières années sont les plus difficiles, non pas dû au fait de la séparation, c’est moi qui ai été infidèle, mais je me rends compte que finalement le Canada ce n’est peut être pas mon lieu de vie. Je rêve de Paris. Et ça m’emmerde un peu de rêver de Paris, je l’ai tellement vilipendée pendant ces dernières années, en me convaincant d’avoir fait le bon choix. Mais c’est plus fort que moi.

A l’été 2003 je rentre en France pour des vacances, et j’envie les parisiens, les gens qui vivent dans cette ville. Je rentre à Montréal. Je quitte tout. En décembre 2023 je pars m’installer à Londres en premier. J’avais une amie rencontrée à Montréal qui me disait que je pouvais venir chez elle sans problème en attendant de trouver un job. On était super proche, j’ai foncé.

Désillusion totale, en fait elle ne pensait pas vraiment ce qu’elle disait. Je me retrouve à partager un appartement avec une fille qui vend ses services la nuit, ramène les clients le soir, et ceux-ci cognent à ma porte quand ils apprennent qu’il y a une deuxième co-locataire.

Je rentre chez mes parents. Je fais des aller retour entre Londres et Paris car j’ai postulé pour pas mal d’emplois. Je passe une entrevue à Londres, puis on me rappelle. De retour dans l’Eurostar je pars vers mon deuxième rendez-vous. Les doutes s’installent. 

A Paris, j’ai aussi un entretien d’embauche. Dans ma tête c’est clair. Le premier qui me dit que j’ai l’emploi, je fonce. Or, l’Univers ne m’aide pas vraiment sur ce coup….

Quelques jours plus tard, j’apprends que j’ai la job de Londres ET de Paris !

Le gag ! Je vous le dis franchement, à ce moment là je ne sais plus quoi penser. Ni sur quel pied danser.

Je dois prendre une décision, et je choisis l’emploi sur Paris. Je m’accroche, j’appelle Londres pour leur annoncer que je ne peux pas prendre le poste. Je sens la déception au téléphone, j’avais fait les trois entrevues, les tests, et ils étaient d’accord pour faire rentrer une française dans leur équipe, et moi après tout ça je leur dis non. Je n’en mène pas large au téléphone. Si je pouvais leur cirer les chaussures, apporter un café et leur faire un massage je l’aurai fait, tellement je me sentais mal.

Bref.

Paris sera ma ville.

Je suis bien pendant deux ans. J’achète un appartement. Je suis cadre. Tout va bien.

Mais…. je m’ennuie…. je pense que peut être c’est mieux ailleurs, mais je ne sais pas où.

Alors je me dis qu’en fait le problème c’est pas le lieu, mais le travail ! Je commence une formation de la Méthode Pilates en 2005.

Découverte d’un nouveau monde, celui du bien être. Je termine ma formation en 2007. Comme de bien entendu, je quitte mon job, je me mets à mon compte et je commence à enseigner dans les studios parisiens.

Je reprends alors les cours de théâtre. J’ai la vie que je souhaite, un peu bohème, je sors, je joue, j’enseigne, j’apprends. Je suis à Paris, tout va bien.

Après six mois de cette nouvelle vie, je me dis que peut-être je partirai bien m’installer en Australie…. je pars donc trois mois en Australie pour « voir ».

Okay j’ai « vu ». C’est non. Je rentre à Paris, fauchée comme les blés. Je bosse jusqu’à 35 heures de cours par semaine pour me remettre à flot, et accessoirement payer le crédit de mon appartement. On me propose d’enseigner en Egypte j’y vais, au Maroc, j’y vais, en Tunisie, j’y vais, en Toscane, j’y vais. Ce sont sur des courtes périodes, assez pour me faire comprendre que c’est pas mon truc.

Je développe une activité de dingue à Paris. J’ai une clientèle privée qui va bien, des cours en studio qui vont bien, tout roule magnifiquement bien.

Je ne suis pas heureuse. Je pense encore que le bonheur est ailleurs.

Je pars en Inde une première fois en 2011. Je déteste. Puis j’aime un peu. Il faut du temps pour s’habituer à ce pays.

Je rentre à Paris, j’enseigne. Je repars en Inde en 2012, à Kovalam.

Kovalam me rappelle Byron Bay en Australie. Le phare sur la plage, les vagues gigantesques. Je tombe amoureuse. Forcément, comme je n’ai jamais fait les choses à moitié jusqu’à présent, je décide de….. je vous le donne en mille…. m’installer en Inde !

Ben voyons !

Je rentre en France. J’ai une activité plus que florissante, je refuse des élèves privés tellement je n’ai plus de créneaux. Et tout ça pour tout quitter encore.

Je pars le 13 octobre 2013 m’installer en Inde, avec un vrai visa de travail. Mon histoire d’amour part en cacahuète mais qu’importe, je cartonnerai dans le travail.

Et je cartonne.

Arrive 2015, les premières fuites de la mélancolie et de la déception apparaissent. Je passe outre. Tout va bien marcher.

Quand arrive 2017 c’est la claque. Je me suis trompée, ça marche oui mais pas pour moi. Je quitte ce que j’ai construit. Encore une fois.

Quand arrive 2019, j’apprends la mort. Deux décès que je vis à distance, dont celui de ma meilleure amie, 17 ans d’amitié qui s’envolent. Je vis le deuil seule. Le premier passe, le deuxième (Olivia) est beaucoup plus difficile à vivre. Je me sens seule, vide, et pourtant je suis entourée. Je ne peux pas être triste, je suis professeur de yoga, j’ai des élèves qui ont fait le voyage jusqu’en Inde pour se former, je dois être au taquet. Je mets tout ça sur le côté.

Tant pis pas grave, je continue, je pars m’installer à Bali, puis en fait non, c’est plus facile de faire deux mois à Bali, deux mois en Thaïlande, deux mois au Vietnam, trois mois en Inde, un mois au Cambodge, retour à Paris pour deux mois, et on recommence les années d’après.

Puis l’année 2020 arrive. La fin des rêves. Pas le choix, je rentre en France. 

Tout le temps où je suis rentrée j’ai essayé de repartir. Ténérif, le Portugal. Puis finalement en 2022 je me pose à Paris. Enfin !

Et là je découvre la Dépression : petit cadeau de deux ans. Bravo. Je me tourne vers la médecine chamanique, Bufo, Ayahuasca, tout y passe. Je vais « mieux » mais pas complètement. Une petite voix me pousse à repartir.

Alors quand 2024 arrive je me dis, cette année tu reprends les voyages.

Je pars à Bali en juillet/août 2024. Oui mais non en fait.

Je pars en Inde en octobre/novembre 2024 et là enfin je réalise que je termine un cycle.

Pour de bon.

Il est temps pour moi de me poser. De renforcer mes bases, d’affermir mes fondations.

J’ai mûri, grandi, vécu des choses incroyables et d’autres moins. Je suis contente d’être actuellement en Inde, je profite de sa science l’Ayurveda pour retaper un corps remplit de tensions et de mauvais souvenirs.

Mais je vais être très contente de reprendre l’avion le 15 novembre prochain et de me retrouver dans mon appartement du 15ème à Paris, qui est définitivement trop cher, mais qui va me pousser à me sortir les doigts du c…

Je suis contente de retrouver mes cours de Pilates dans les studios qui m’ont fait confiance, et qui se sont rappelés de moi, gratitude infinie pour ça.

Ravie de retrouver mes élèves particuliers.

Contente, oui oui, de devoir prendre le métro et de retrouver toutes les gueules fatiguées des gens qui pensent qu’ailleurs c’est peut être mieux.

Parce que non.

Le mieux c’est le ici et maintenant.

Ah le métro ça pue, c’est pollué, yes man : viens en Asie et on en reparle !

Paris il y a trop de monde et c’est bruyant, yes man : viens en Inde et on en reparle !

La culture en Asie est magnifique. Oui je l’avoue, c’est vrai, mais ce n’est pas la mienne. En France, à moins d’être dans une relation toxique oppressante, tu peux divorcer, avorter, louer un appartement toute seule, vivre ta vie de femme en-dehors de la maison.

Et puis de toute manière ce n’est pas forcément ça qui me poussent à penser que c’est la fin d’un cycle, c’est plus dû au fait que je le sens dans mes tripes. J’ai eu mon lot de voyages, de longs courriers, de décalage horaires, de réveil dans des maisons où les meubles n’étaient pas les miens, de maladies à l’autre bout du monde, soigner par des cataplasmes de bananes, de chaleur écrasante et de pieds sales H24. 

C’était bien, je chéris des souvenirs.

Mais c’est derrière.

Je construis maintenant mon avenir pour les 10 prochaines années.

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1 réflexion sur “Trouver sa voi(e)(x)”

  1. « Le mieux c’est le ici et maintenant » formule impeccable 👌
    Bravo pour ton parcours inspirant et le meilleur reste à venir ! Succès et paix de l’âme sur toi 💖

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