A lone traveler stands on a hilltop, gazing over a vast mountain landscape under a clear blue sky.

Aller au bout du bout

Vous connaissez la chanson de Jean Jacques Goldman ? « J’irai au bout de mes rêves, tout au bout de mes rêves, où la raison s’achève, tout au bout de mes rêves ».

Où la raison s’achève.

Cette phrase est tellement puissante. La définition du mot « raison » est la faculté qui permet à l’être humain de connaître, juger et agir conformément à des principes, tels que la compréhension, l’entendement, l’esprit, l’intelligence, et spécialement de bien juger et d’appliquer ce jugement à l’action.

La raison s’oppose à la sensibilité, à la foi, à la folie et à la passion.

La raison serait donc un frein. Dès le moment où il n’y a plus de raison, il n’y a plus d’obstacles.

Tant que nous n’avons pas lâché la bride qui nous retient, on ne peut pas savoir comment auraient pu être les choses que l’on souhaite faire. On ne peut pas deviner, juste supposer et vivre avec des « si ». Plus l’on vit avec des « si », plus on nourrit une sorte d’insatisfaction constante, qui donne naissance à l’envie et à la jalousie mais aussi à la comparaison de ce que serait notre vie « si ».

En revanche une fois que nous avons passé ce cap, que la laisse s’est brisée et que nous voguons vers notre but, notre rêve, notre ambition, vers ce que nous pensons être le mieux, alors nous pouvons avoir un objet de comparaison de l’avant et d’après.

A ce moment on peut décider de faire machine arrière, avec l’expérience accumulée au cours de ce chemin il est tout à fait possible de reprendre ce que nous avions laissé et de le refaire basé sur les impressions nouvelles.

Ou bien on peut faire le choix de continuer sur le nouveau chemin qui nous est proposé tout en sachant que nous avons fait, de toute manière le bon choix. Mais si nous n’essayons pas, nous ne pouvons pas faire ce discernement.

Une fois que nous sommes nourris de cette expérience, seulement nous commençons à apprécier ce que nous avons. Dans la vie il faut se perdre pour pouvoir se retrouver.

Il faut parfois tout perdre pour apprécier et réaliser que le bonheur se trouve à côté de nous, dans les choses simples et pas forcément dans le faste d’une vie sous les tropiques,  comme beaucoup d’influenceurs vivant à Bali veulent nous le faire croire. Beaucoup en revienne pour la petite histoire….

On peut très bien trouvé son bonheur dans une maison au fin fond de la Creuse, ou dans une ville vibrante de vie et de monde. Et si les tropiques nous parlent alors c’est aussi bien.

Mais rester dans l’inaction et le constat que nous avons peut être fait les mauvais choix, sans essayer d’en prendre d’autres, est source de totale désillusion et propice aux sentiments d’échec, de peur de l’avenir, d’envie et de jalousie face aux autres qui eux, « auraient mieux réussi que nous ».

Parfois il faut être irraisonnable pour trouver sa voix, pour se rencontrer. Sans cette rencontre nous ne pouvons vivre notre vie pleinement. Nous vivrons certes, mais sur un chemin fait de regrets et de « si j’avais su » ou bien « si j’avais fait ci ou ça ». 

Quand j’ai fêté mes 50 ans j’ai été horrifiée de voir où j’étais, car je n’étais pas bien, je n’étais pas dans le lieu où je pensais devoir être. J’avais encore en tête des souvenirs de voyages lointains, je voulais retrouver la personne que j’étais il y a quatre ans, car je pensais que je m’en étais éloignée drastiquement. Je ne me reconnaissais pas.

Alors je suis repartie. Et c’est en repartant que j’ai réalisé, que finalement, celle que j’étais a vécu ce qu’elle devait vivre, et celle que je suis maintenant a besoin d’autre chose. Que fondamentalement, les choix que j’avais fait ces quatre dernières années, certains malgré moi, étaient arrivés au bon moment. Mais j’avais l’esprit embué de tellement d’impressions anciennes, que je ne pouvais pas du tout faire acte de discernement, par rapport à ce que j’étais en train de construire à ce moment.

Je pensais que je ne pouvais pas refaire ce que je faisais il y a 15 ans, alors que j’aimais vraiment ce que je faisais. Je m’étais convaincue que je n’aimais pas le lieu que j’habitais, alors qu’au fond de moi je suis une vraie citadine et que j’aime profondément vivre les quatre saisons.

Je croyais que vivre avec pour seule et fidèle amie une valise remplit de fringues légères étaient le summum de mon bonheur, alors qu’en fait j’aime beaucoup avoir un chez moi, stable, avec une vraie tasse à moi que j’aurai acheté, un canapé que j’aurai choisi, des livres que je peux stocker en permanence sans me soucier de devoir les laisser sur place, car trop lourds à prendre pour voyager.

Je pensais aussi que je n’avais besoin de personne et que je pouvais faire tout, toute seule sans problème. Alors qu’en fait c’est plus une épée de Damoclès au-dessus de ma tête, et que déléguer c’est aussi très bien. Travailler avec et pour les autres, tout en gardant une certaine indépendance est complètement faisable.

Je pensais que j’enseignerai le yoga jusqu’à la fin de mes jours, alors qu’en fait je préfère le pratiquer que l’enseigner. Et si je dois l’enseigner, je préfère le faire sous forme de Sadhana, avec un rendez-vous quotidien dans lequel nous développons une habitude de pratiquer ensemble, au-travers d’un écran certes, mais qui reste quand même un rendez-vous quotidien pour lequel nous avons un engagement personnel et mutuel.

Dans ce cas au lieu de dire « j’enseigne le yoga », ce qui est faux, je préfère la phrase « je partage mes pratiques et mon expérience », ce qui est plus proche de ma vérité.

Je ne veux plus être approchée par des élèves dont le message commencerait « est-ce qu’il y a un certificat en fin de programme »?  ou « est-ce que ce stage amène une certification ». Cette démarche ne m’intéresse plus. Car elle induit une attente, souvent difficile à combler, et je ne souhaite pas nourrir les attentes de personne. Pour moi la plus belle chose en yoga, est la découverte des techniques qui nous amènent à une découverte de « nous ». C’est essentiel. Il faut passer de l’autre côté et arrêter de cumuler les certifications et les promesses de remplir un cours en 5 semaines pour faire 5000€ par mois, en utilisant des tunnels de vente, avec des programmes pré-enregistrés.

Et tout ça je l’ai compris en m’évertuant à aller à l’encontre de ce que j’aime vraiment. Il m’a fallu aller au bout du bout, pour comprendre que ce n’était pas moi, que cela n’était pas ce qui me nourrissait intellectuellement et spirituellement parlant.

J’ai dû épuiser toutes mes ressources, toutes mes possibilités, jouer mes dernières cartes, pour réaliser que je faisais fausse route, car ce n’était pas proche de ma vérité. En fait, plus je continuais sur cette voix, et plus je m’éloignais de mes principes.

Le succès, c’est l’échec de l’échec (Delphine Lamotte).

Archives

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut