Ayahuasca Cérémonie

Après la retraite chamanique

Après mes trois jours de retraite, je me sens bien. Je note des changements dans mon corps mais surtout dans ma tête. Tout d’abord je ne peux plus regarder de films ou de séries « noires ».

A titre d’exemple, je suis rentrée quand la série Strangers Things reprenait du service sur Netflix. Aux premières images je me rends vite compte que mon coeur s’emballe, et que ce n’est pas pour moi. Je me rabats sur un film avec Michael Douglas « The Game », et dans les moments de suspens, je ne peux plus regarder. Je ferme tout. Je mets de la musique et là aussi j’ai du mal. Je réalise que je suis à fleur de peau. Si je peux marcher dans les rues en m’émerveillant de tout, avec des yeux neufs, je ne peux plus me plonger dans des fictions. La seule chose qui passe c’est la lecture (à condition qu’il n’y ait pas de passage mystérieux) et mes pratiques.

Alors là ma pratique posturale et surtout celle des pranayamas a fait une avancée, une progression, incroyable.

J’avais commencé à tourner le dos à l’Ashtanga Vinyasa Yoga et développé mes propres séquences depuis les deux dernières années, mais à ce moment précis je me rends compte que j’ai besoin d’aller plus loin non pas dans le postural mais bien dans l’énergie, dans le souffle. Auparavant je pratiquais 45 minutes de Pranayamas dont une bonne partie était consacrée aux kriyas, et je m’aperçois assez vite que mon mental, mon corps, mon esprit développent naturellement le souhait d’aller plus loin…. alors que je me trouvais déjà assez « calée ». Je vais réaliser qu’il n’en n’est rien. Il y a vraiment possibilité d’aller plus loin et d’explorer davantage.

Je retourne littéralement mon appartement pour retrouver mes cahiers de pratique du temps où je suivais l’enseignement de BNS Iyengar à Mysore. Je retrouve des pratiques pour lesquelles j’avais mis des grosses croix rouges à côté, en marquant « trop difficile, inconfortable, inconnu au bataillon, pas gérable, possible mais avec le temps ». Je reprends le livre de BKS Iyengar et de André Van Lysebeth sur la dynamique du souffle, je ressors toutes mes notes de pratique avec Iain Grysak.

Mon appartement devient un cloître remplit de papiers, de stylos, de feutres, de cartes et je m’y enferme pendant 4 jours consécutifs. J’ai baissé les stores, je reste dans une pénombre car la lumière me gêne. Je jeûne sans même me dire « tiens je vais jeûner », je le fais naturellement.

Je réponds très peu aux messages que je reçois ou très vite, je bois de l’eau salée pour me faire vomir (je sais ça parait dingue à lire mais c’est vrai), je ressors mon sutra neti (le petit caoutchouc que l’on met dans une narine pour le faire ressortir par la gorge), et pendant 4 jours je me nettoie.

Je pratique tout ce qui me paraissait insurmontable du temps de mes études avec BNS Iyengar et je documente absolument tout.

J’ouvre une discussion par écrit avec mon professeur que je n’ai pas revu depuis 2020, j’envoie un message à Richard Freeman qui aura la gentillesse de me répondre, et je continue d’explorer ce que le corps humain peut faire, et surtout ce que le Yoga dans sa globalité nous propose, mais que nous ne faisons pas vraiment (alors peut être pas vous, mais moi oui) et surtout j’assimile ce que je n’ai pas compris malgré ma presque double décennie de pratique.

Je garderai mes révélations pour moi. Et en écrivant cette dernière phrase je comprends mieux pourquoi on dit que le Yoga se transmet de la bouche du professeur à l’oreille de l’élève. C’est effectivement un chemin personnel.

Hatha Yoga Pradeepika, Chapitre I, verset XI :

Le Yogi qui veut atteindre la perfection doit tenir secret, de la façon la plus absolue, la science du Yoga. Cette science tenue cachée est puissante, mais divulguée perd toute sa vigueur.

Au premier abord quand on lit cette phrase, de notre point vue occidental évoluant dans une société ultra compétitive, avec des codes basés sur les caractéristiques d’un modèle social poussé vers une consommation excessive en tout genre, on se demande « Mais pour qui « ils » se prennent ? Le yoga est alors élitiste? », toutes sortes de pensées peuvent surgir.

De plus, à l’heure actuelle où l’on dénonce avec force qu’en fait le Yoga n’est pas aussi « vieux » que ça, que la tradition n’est pas si traditionnelle, que l’éveil est l’apanage de tout le monde, que l’on peut réveiller la Kundalini du bout des doigts, que Patanjali n’aurait probablement pas existé, que Krishnamacharya est le père du yoga moderne mais du 20ème siècle, donc jeune finalement…. j’ajouterai tout le monde copie tout le monde en se revendiquant expert en alignement, pranayamas, méditation, bols sonores, meilleur programme que les autres etc. Pour comprendre ce verset il faut énormément de recul. Or ce recul nous ne l’avons pas, car les pratiquants ne murissent plus leurs pratiques, ils deviennent des maîtres après 12 mois.

Ce serait prétentieux de ma part de dire que je l’ai compris en quatre jours d’hibernation qui au final représentent le fruit de trois jours de retraite chamanique avec les plantes. En revanche cette « lumière » vient s’ajouter à l’accumulation des données, connaissances reçues en amont.

Quand on décide de se soigner avec les plantes, personne ne vous explique comment faire face aux visions que l’ayahuasca ou le bufo vont venir provoquer. Il s’agit du « je, moi-même, et moi ». Et vous restez seul avec ces trois personnages. Le travail consiste alors à les isoler, les comprendre, les assimiler et intégrer le résultat. Cela vous ouvre les portes de la perception. Si vous n’avez pas lu le livre de Aldous Huxley je vous le recommande.

Après avoir passé quatre jours en total harmonie et découverte voir refonte de ma pratique, je me sens plus légère. Je commence à comprendre qui je suis et ce que je souhaite vraiment faire, comment je veux le faire et vers quoi je souhaite vraiment me diriger.

Et c’est vraiment une grande bouffée d’air frais, je tournais en rond et je remettais tout en cause, ici je vois que le tunnel est encore long certes, et même si la lumière au bout est encore un peu flemmarde elle n’en reste pas moins bien présente.

Les jours, les semaines passent.

Puis, je sens un blocage physique, au niveau du sternum. Un peu comme une serrure qu’on arrive à tourner deux fois, mais la troisième fois il y a résistance. Je pense que c’est purement physique, alors je m’étire beaucoup. Je réalise que ce n’est pas physique. Il y a « quelque chose » qui n’est pas sortie, le travail n’est pas terminé.

Je recontacte les organisateurs et je leur demande si c’est possible « physiquement » de participer à nouveau à une retraite de trois jours, alors que je ne suis revenue que depuis seulement deux semaines. Peu importe si sa réponse est basée sur le commercialement acceptable, il me dit que oui, on échange alors au téléphone, je lui explique comment je me sens, et je lui dit clairement que je sens l’appel d’aller plus loin. Je signe donc pour la prochaine retraite qui aura lieu deux semaines plus tard.

Cette fois ci je me prépare. Je pratique des pranayamas pendant une heure quotidiennement, suivie d’une pratique posturale lente qui s’étire pendant 1h25 minutes. Tous les matins je suis sur mon tapis durant 2h25 minutes précise. Jamais je ne dépasserai le .25, tout rentre parfaitement dans ce laps de temps. Je sors très très très peu et je ne rencontre que 3 personnes durant ce laps de temps.

Je regarde quand mes prochaines règles vont arriver. Et je me rends compte qu’elles vont se pointer en plein durant la prochaine retraite. Je croise mes doigts en espérant qu’elles auront la gentillesse de venir après ou carrément avant. Mais non, elles viendront exactement la première journée du premier jour de la retraite…. Sachant que mes premières 48 heures sous menstruation sont les plus difficiles pour moi de manière générale, je me demande comment je vais gérer ça.

Dernier coup de gueule

Depuis que j’ai emménagé dans mon appartement, le volet roulant de ma chambre ne remonte pas. Et depuis le mois de janvier, la personne en charge du problème me promet que demain ce sera résolu. Cette situation dure depuis 6 mois.

Une semaine avant la prochaine retraite, il est 4 heures du matin, je suis sur mon tapis de yoga. Tout va bien. Puis….. la fureur.

Alors vous dire d’où elle est venue, pourquoi elle est apparue, comment elle est sortie, je ne sais pas. Le fait est que à ce moment précis de la journée, alors que je suis en mouvement, une colère incroyable me gagne et m’envahit.

Je prends mon téléphone et j’appelle le gardien de l’immeuble en lui laissant un massage pas piqué des vers, lui indiquant que j’en ai marre de cette situation, ça fait 6 mois qu’il me mène en bateau, le rideau roulant est cassé, la chambre est dans le noir depuis que j’ai emménagé, il ne retourne pas mes appels et ce n’est pas normal, il me ment constamment et ça m’énerve.

Et j’ai fait tout ça à 4 heures du matin……

Je retourne sur mon tapis, pas plus soulagée pour autant. Je me dis que ça va passer. Mais non, ça passe pas.

Bien évidemment à 8 heures du matin quand j’ai croisé le gardien dans l’immeuble il est venu vers moi tout piteux, et comme de bien entendu je ne me suis pas excusée, je l’ai écouté m’expliquer les tenants et aboutissants qui n’aboutirent jamais (à ce jour le rideau est en cours de changement, mais ce n’est plus lui qui s’en occupe), puis royalement je lui tourne le dos et je me casse.

Dans le courant de la journée, je me prendrai la tête avec deux autres personnes, dont une qui a jeté son papier gras sur le trottoir alors que la poubelle se trouvait à 1 mètre, et l’autre avec un mec en trottinette en sens inverse qui m’insulte tandis que je traversais, mais qui à pris peur quand je lui ai couru après…..

Quelle journée hein ?

On va dire que j’étais en syndrome prémenstruel….

Pour autant je ne m’explique pas ces excès de fureur. J’en ai été la première surprise. Qui court après une trottinette ???

Il me reste cinq jours avant de repartir, je m’isole. En m’isolant, je sauve le monde d’une potentielle attaque nucléaire prémenstruelle. C’est mon côté super héros qui vous parle.

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