La pratique des techniques dites de yoga, a plusieurs vertus et est perçue comme étant un remède miracle à bon nombre de maux. Dans un monde où tout va trop vite, le yoga nous permet de ralentir et nous autorise une introspection.
De mon point de vue personnel et de ce que j’ai pu expérimenter, étant toujours en exploration par ailleurs, est que cette discipline nous autorise à être nous même.
Si le Yoga est perçu comme ayant une finalité d’illumination, il met en lumière notre vraie identité. Il fait tomber les masques. Imaginez-vous devant le Miroir de la Vérité dévoilant votre première nature, le premier trait de caractère qui vous définit.
Sa pratique nous améliore et aide à devenir un meilleur être humain, mais avant de passer à la mise à jour complète, plusieurs étapes seront nécessaires.
Nous sommes des êtres fluctuants. Nous avons nos moments de joie, de peur, de doute, un côté sombre et l’autre plus lumineux.
Le mantra Asatoma Sadgamaya explique très bien ce processus.
C’est une véritable prière. Un aveu du chercheur, de son sentiment de limitation et un appel sincère à l’aide dans la transcendance. Ce n’est pas une prière pour les choses du monde, il ne s’agit pas d’une prière pour la nourriture, le logement, la santé, la richesse, le succès, la renommée, la gloire ou même le paradis. La personne qui récite ce mantra se rend compte que ses propres désirs le laissent dans une quête de toujours « plus », sans jamais vraiment calmer ses désirs, ni même atténuer ses envies.
De ce fait, l’une des premières choses qui apparaîtra au début de la pratique du yoga, est la révélation de ce que nous sommes vraiment, au moment où l’on entreprenons ce chemin. Un peu comme un oignon, la première couche se dissolve pour laisser transparaitre ce qui se cache en-dessous.
Si l’on se trouve dans une situation où l’envie nous domine, où l’ego est notre maitre, alors le yoga aiguisera ces caractéristiques en les mettant à jour, ce qui rendra le pratiquant arrogant.
Certains peuvent décider d’en rester là et s’y complaire. Je pense par exemple à cette professeur de yoga, mariée à un « Ashtangi de renom » qui pour son 40ème anniversaire n’a pas hésité à publier un Reel dans lequel elle parle, à sa communauté, en soulignant que pour son anniversaire, il y a possibilité d’évoluer avec elle, l’aider à réaliser son rêve, et ce par le biais d’une petite donation, via PayPal ou virement bancaire (mais anonyme, histoire de ne pas avoir de compte à rendre à personne). Un message complètement lunaire à mes yeux, mais complètement réel pour ceux et celles qui l’adorent et la suivent.
Le même jour elle a publié un second Reel dans lequel elle raconte avoir reçu son nouveau nom : Brahmama. Ce nom ce serait « révélé » à elle. Elle invite donc sa communauté à l’appeler ainsi et l’a même rajouté sur son compte IG.
Ce n’est pas un cas isolé. Il vous suffit d’aller dans un studio un peu tendance que ce soit en ville ou à Bali, pour rencontrer ce genre de personnage. On se pose alors la fameuse question « Ils sont profs de yoga, comment peuvent-ils être aussi prétentieux ? ». La réponse est simple, c’est leur vraie nature. Donc ils sont dans leur vérité. En revanche ils n’évoluent pas (mais leur compte en banque probablement), car ils préfèrent se complaire dedans au lieu d’essayer de sortir de ce schéma. Ils sont dans une stagnation. Et le pire, ce sont ces mêmes personnes qui vous déversent des conseils pour aller mieux dans votre vie !
Les disciplines holistiques donnent naissance à des personnes aux egos démesurés. Ils n’ont pas pris le melon en pratiquant, par contre en pratiquant le melon s’est révélé.
Si le manque de confiance en nous est ce qui nous définit, alors la pratique de yoga mettra en évidence cet aspect de notre personnalité, en nous faisant douter, en nous comparant aux autres, en mettant en doute notre légitimité.
L’étape supérieure serait la reconnaissance de ce que nous sommes, dans le moment présent, l’assimilation puis la procession. En continuant d’avancer sur ce chemin, on commencerait alors à affiner ces traits de caractère qui nous définissent, pour les arrondir, ou les affuter, avant de les équilibrer pour qu’aucun d’eux ne soit dominant.
Le yoga nous transforme, mais ne fera pas de nous des êtres meilleurs ou bons si la base n’est pas stable. Ce n’est pas miraculeux, il faut pouvoir avant tout définir ce que l’on est, analyser, comprendre ce qui nous a amené à cet état des lieux, pour ensuite pouvoir se débarrasser de ce dont nous n’avons plus besoin, garder ce qui nous sert et pourra nous être utile sur le long terme.
Une fois que nous avons compris et assimiler que la pratique du yoga est évolutive (pas seulement la pratique posturale), qu’il y a un travail de palier à faire, alors seulement nous pourrons en tirer les bénéfices.
Il y a des personnes qui, parce qu’ils pratiquent le yoga, décident de porter un masque, celui de la gratitude infinie tandis que fondamentalement leurs mots et actions ne sont pas en accord avec l’essence même de leur être.
Quand d’autres, restent simplement sur les écritures de Patanjali, et ressortent inlassablement les Yamas et Niyamas pour montrer qu’ils savent. Tandis que non, nous avons une part d’ombre qu’il faut accepter, et une part de lumière qu’il faut savoir recevoir et accueillir. L’un ne va pas sans l’autre. L’important est de trouver l’équilibre entre les deux.
En tant qu’être humain, il est impossible d’être tout le temps de bonne humeur, paix et amour H24. Nous avons une vie, des obligations personnelles, professionnelles et familiales. Nous vivons dans un monde qui nous montre que pour être heureux il faut posséder toujours plus, avoir du succès en amour, et professionnellement parlant être capable de ne manquer de rien financièrement parlant.
L’envie et l’appât du gain sont constants. La comparaison est omni-présente. Les réseaux sociaux ne font qu’amplifier ces traits et il devient difficile de tourner le dos à toutes ces tentations.
Au lieu de partir dans les extrêmes et de faire semblant que ce qui se passe dans le monde ne nous concerne pas, il vaut mieux accepter notre environnement et naviguer dedans sans tomber dans l’idéologie que le yoga nous rendra forcément meilleur en suivant une petite routine matinale, avec cahier de gratitude et autres intentions à poser.
Un animal sauvage ne peut renier sa vraie nature. S’il est un chasseur il restera chasseur tout au long de sa vie. Pour autant il chassera en fonction de ses besoins et non pas dans un désir d’extermination de toutes les espèces vivantes autour de lui.
Il sait que les proies sont accessibles autour de lui, mais ne prendra que ce dont il a besoin.
Le yoga est certes l’acceptation mais surtout une question d’équilibre entre le bien et le mal. Une equanimité totale.