Syndrome Occidental

Voyager c’est s’ouvrir aux autres et c’est aussi apprendre à regarder sans juger, sans comparaison.

Je voyage en Asie depuis 2011. J’y ai vécu pour de vrai, avec un visa de travail pendant trois années, puis 4 autre années sans visa de travail mais simple touriste, pour des séjours de 8 à 10 mois par an.

Je déroule mon curriculum pour faire comprendre que le sujet dont je vais parler, est un peu maitrisé.

La vue occidentale sur la condition animale versus ailleurs dans le monde

L’année passée à Goa, une anglaise avec un chaton dans les bras  s’est approchée de moi en me demandant « are you responsible? » sous entendu étais-je une personne suffisamment responsable pour prendre en charge, voir sauver le chaton qu’elle avait volé à la portée de sa mère non loin de là…

Sur des groupes Facebook, bon nombre d’occidentaux postent des photos de chiots abandonnés, chiens affamés, chats errants etc.

Les voyageurs sont plus souvent choqués lorsqu’ils sont loin de chez eux. Même si tous les ans nous pouvons lire des histoires de bonnes familles bien franchouillardes abandonnant leurs animaux sur les bords de la route à l’aube des vacances d’été….

Si vous voulez être utile sur place et non pas surpris, voici quelques règles à suivre.

Règle numéro 1 – Tout animal affamé doit être nourri

C’est une action qui n’engage que vous, qui n’a pas besoin d’être reléguée sur les réseaux sociaux. Vous allez au magasin le plus proche, voir vous prenez un tuk tuk spécialement pour vous y rendre, vous achetez ce que vous pouvez, et vous retournez nourrir l’animal en question.

Comprenez que vous nourrissez l’animal, mais que vous n’êtes pas là pour l’apprivoiser.

N’essayer pas de le caresser. Sa vie est dehors, dans la rue, sur son territoire. L’être humain il ne le connait que par les coups et la force, ou bien simplement de passage comme vous.

Si vous prenez la responsabilité de le nourrir et que vous êtes dans le coin pour un temps donné, faites le régulièrement, mais encore une fois n’essayez pas de sociabiliser, sauf si vous avez des plans pour l’emmener avec vous, dans votre pays, et donc le faire vacciner, lui obtenir un passeport international, lui acheter un billet d’avion, suivre une procédure de quarantaine etc.

Clamer « mais il faut sauver ce chien!!! » est très facile, joli sur le papier, dans la vraie vie, c’est une autre histoire.

Règle numéro 2 – les chiots, chatons ne sont pas forcément abandonnés

A Kovalam, une chienne qui venait de mettre bas s’est vue voler ses petits qui n’avaient pas deux mois par des touristes bien intentionnés.

Avec Trupta nous avons donc observé cette chienne, qui tous les jours recherchaient ses petits…… bravo j’ai envie de dire.

Pour revenir à l’histoire de cette jeune fille qui tenait dans ses bras un petit chaton, en lui cherchant un « maître » responsable, la mère se trouvait dans une ruelle non loin de là.

Ce que les locaux ont fait, ils lui ont pris le chaton et l’on remit avec la portée. La touriste Brigitte Bardot américaine, l’a très mal pris. Et pourtant c’était la meilleure chose à faire.

A moins de pouvoir vraiment prendre en charge l’animal, d’avoir bien vérifié qu’il était abandonné par sa mère, il faut le laisser là où il est.

Vous pouvez vous renseigner sur les associations qui s’occupent des animaux et les contacter. La première chose qu’ils vous demanderont est de savoir s’il y a eu des plaintes des riverains, sous entendu est-ce que l’animal dérange. La deuxième question sera de savoir si l’animal est accidenté, a besoin de soins urgents, et la troisième question sera de s’assurer sur le fait que le petit a bien été abandonné et se trouve donc dans l’incapacité de survivre.

Si toutes les conditions sont requises, alors ils enverront quelqu’un. Il vous faudra attendre avec l’animal, peu importe ce que vous aviez prévu de faire dans la journée. Vous aurez ensuite une décharge à signer et peut être qu’une aide financière serait la bienvenue.

Si les conditions ne sont pas remplies alors ils ne se déplaceront pas et Inshallah.

Règle numéro 3 – les chiens en Inde ou ailleurs qu’en Occident sont de VRAIS CHIENS

Les chiens de nos grandes villes occidentalisées ne survivraient pas une seconde en Inde.

Il y a des territoires à chaque coin de rue. Chaque coin de rue a donc sa petite gang de chiens mâles et femelles. Et on ne peut rien y changer.

On ne regarde pas un chien dans les yeux, on n’essaie pas de le caresser, même s’il vous suit, vous gardez une bonne distance avec lui. A plus ou moins long terme vous pouvez devenir pote, mais sa vie est dans la rue, pas dans votre appartement, même s’il dort devant la porte de votre immeuble. Il faut le comprendre, l’assimiler et digérer cette information.

Les chiens en Asie et ailleurs dans le monde dès lors qu’ils ne sont pas domestiqués, ont leur propre vie, leur propre règle, leur propre clan, leur propre histoire de quartier.

Des campagnes de stérilisation

Si malgré tout, vous souhaitez vraiment aider la population des canidés et autres félins, vous pouvez organiser une campagne de stérilisation. Rencontrer des vétérinaires, et financer les. Là vous serez dans du concret.

En revanche ne vous attendez pas à ce que les chiens soient traités correctement alors qu’ils seront attrapés dans la rue, opérés à la chaîne et remis en liberté en moins de 24 heures. C’est ainsi que cela fonctionne ; les moyens pour les animaux sont peu nombreux, la population locale a déjà bien du mal à prendre soin d’elle, n’attendez pas de miracle ni de remerciements anticipés.

Les locaux seront contents car effectivement la prolifération des chiennes en chaleur qui se retrouvent enceintes deux fois par an est un vrai fléau, pour autant ils ne vous dérouleront pas le tapis rouge. Vous devrez sortir votre portefeuille pour participer au bien être ambiant.

La rage

Si vous vous faite mordre par un chien, vous devez vous rendre à l’hôpital pour y recevoir le vaccin contre la rage. Il y trois shots à faire sur trois semaines. Ensuite il est valide une année et il faut le refaire chez vous si vous avez l’intention de retourner dans des pays où la rage est présente.

Les chiens errants vaccinés ont le bout de l’oreille coupée, facile à identifier.

Les chiots, aussi mignons qu’ils soient ne peuvent recevoir le vaccin qu’après trois mois révolus. Souvent quatre mois car leur poids n’est pas assez important.

Il faut donc éviter de s’attendrir devant les chiots et de les prendre dans les bras. Par ailleurs, si vous êtes un fin observateur vous remarquerez que les chiots ou chatons rarement s’approchent des humains. Ce sont les humains qui sont invariablement attirés par leur mignonnerie et qui souvent les privent de leur famille.

Les vaches sont gentilles

Pour autant ne vous approchez pas de leurs veaux. Elles chargent.

Les bébés buffles sont super mignons aussi, plus curieux que le veau. Ils viendront facilement vers vous. Ignorez les. Je ne sais pas si vous avez déjà vu une maman buffle, mais elle est énorme avec des cornes longues. Et vous ne souhaitez pas avoir à faire avec. Donc oui mignon, mais chacun son bout de trottoir et tout va bien.

Les vaches adorent les bananes et les carottes. Si vous commencez à les nourrir, essayer d’en isoler une seule, car au milieu du troupeau, vous serez poussé dans tous les sens, elles n’ont aucun sens de la civilité, vous feront les poches et accessoirement vous feront tomber dans leurs excréments, ce qui est tout sauf glamour.

Les chevaux

J’ai appris à mes dépens que le cheval, même le plus maigre, a un maitre….. qui l’utilise pour gagner sa vie.

Vous ne pouvez rien y faire et rien n’y changer.

Vous pouvez le nourrir dès que vous en avez l’occasion mais ne restez pas dans les parages, le propriétaire ne vous aimera pas. Il sait qu’il fait quelque chose de mal, il faudrait être aveugle pour dire que le cheval est en bonne santé, mais c’est sa vie, pas la votre.

blog français sur le yoga
Mysore – India, Octobre 2019

Il faudra passer votre chemin, que cela vous révolte ou non.

Le syndrome occidental – KESAKO ?

C’est de croire que nous avons raison sur tout.

C’est de croire que nous pouvons sauver tout le monde.

C’est de croire que nos idées, nos façons de faire, prévalent sur les autres.

C’est de vouloir changer les choses, sans comprendre la culture du pays.

C’est vouloir envoyer tous les enfants à l’école, même si ceux qui travaillent le font pour littéralement sauver leur famille de la misère en participant financièrement à ses besoins (je sais c’est horrible d’écrire cette phrase).

La mode occidentale a exporté Adidas, Nike, Apple, Subway, MacDonald, tous ces signes extérieurs de richesse que l’on retrouvent maintenant n’importe où dans n’importe quel quartier délabré de Bangalore, Mysore, Goa, Bangkok, Hanoï.

En Thaïlande, au Vietnam et en Inde j’ai pu voir des familles « pauvres » massées devant un écran de TV plat, aussi grand que mon salon parisien du temps où j’avais encore un appartement, s’abrutissant devant des programmes qui les font sortir de leur quotidien. Le premier réflexe serait de se dire, mais pourquoi dépenser de l’argent dans une LED, puis en faisant un parallèle avec nos vies actuelles occidentales je me suis rendue compte que nous faisons la même chose. La carte de crédit du magasin IKEA pour payer les meubles plus tard, échelonner les virements, les prêts à la consommation. Nous le faisons tous. Nous souhaitons toujours quelque chose que nous n’avons pas et pas forcément besoin.

Pour autant qui sommes-nous pour leur faire la morale ?

Si la télé réalité était vraiment de la merde en boîte, célébrerions nous des Nabilla, Kim Kardashian, Anges de la réalité ?

Si les livres rendaient les gens plus intelligents, serions-nous tous à guetter les nouvelles saisons sur Netflix ?

Le modèle occidental n’est pas le mode de pensée unique. Quand on visite un pays il faut l’accepter tel qu’il se présente à nous.

Si demain les indiens venaient chez vous et repartaient en claquant la porte sous prétexte que vous utilisez du papier toilette au lieu de vous laver à chaque visite sur le trône, ne seriez-vous pas choqué?

Oui la condition animale est horrible, et ce partout dans le monde, mais occupons nous de ce que nous pouvons faire et de ce qui est à notre portée.

L’Occident n’a absolument aucune leçon à donner à personne.

Archives

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut