Xandra Yoga Blog

AYAHUASCA – Première Partie

Retour d’expérience après une cérémonie

Je vais vous parler de ma rencontre avec le chamanisme « moderne », c’est-à-dire celui que l’on pratique en Occident, le chamanisme à votre porte si vous n’avez pas l’intention de vivre cette expérience directement sur place en Amérique du Sud.

Tout comme il est possible de participer à des retraites d’Ayahuasca aux Etats-Unis ou au Canada, la pratique s’est étendue en Europe. Il faut savoir qu’en France cette plante est interdite et illégale, il faut donc aller dans des pays plus conciliants comme la Suisse par exemple.

Les raisons qui ont nourri ma quête de « plus » voir d’éveil spirituel en mode accéléré, me sont très personnelles et je n’ai pas forcément envie de les étaler. Disons que je suis en constante quête de savoir ce que le corps humain peut faire, surtout lorsque le mental est très affecté par des événements extérieurs qui l’amènent invariablement vers une dépression, le trou noir, celui où l’on se perd complètement. Il y a aussi le désir de pouvoir un jour soulever le voile sur la fameuse question du qui je suis? Quelle est ma mission ? Pourquoi tout cela m’arrive ?

De plus j’ajouterai à cette introduction, mon scepticisme profond pour toutes les méthodes dites de libération, que ce soit sur le KAP (Kundalini Activiation Process) que je trouve absolument aberrant et ici j’assume complètement mon point de vue, aux vertus libératrices que représenteraient l’Ayahuasca. A un moment donné il fallait que je m’en fasse une idée nette et précise et comme ce moment est arrivé dans ma vie le plus naturellement possible, j’ai sauté le pas assez facilement.

Alors qu’est-ce que l’Ayahuasca ? Vous trouverez des textes très détaillés sur le sujet, qui en parleront beaucoup mieux que moi, il vous suffit de faire une recherche internet. Voici une rapide définition Wikipiédia sur le sujet :

L’ayahuasca, ou yagé, est une préparation hallucinogène originaire d’Amérique du Sud.

Décoction à base de lianes traditionnellement consommée par un grand nombre de cultures indigènes de l’Amazonie, qui la sacralisent et lui allèguent une capacité curative, purificatrice et magique, l’ayahuasca se présente sous la forme d’un breuvage épais à la saveur âpre. En raison d’une composition chimique complexe marquée par la présence d’un puissant psychotrope naturel, la DMT, l’ayahuasca a pour propriété principale de plonger ses utilisateurs dans un état de conscience et de perception plus ou moins fortement modifié. Le plus souvent, celui-ci se caractérise par d’intenses hallucinations sensorielles et visuelles, elles-mêmes fréquemment accompagnées de nausées et de vomissements dus à la nature astringente et émétique du mélange. Dans le cadre d’un usage traditionnel de la substance, ces visions sont considérées comme un voile qu’un chaman s’attachera à lever par divers biais, lors de cérémonies dont le rituel varie en fonction des pratiques et croyances des différentes tribus du bassin amazonien.

Par extension, ayahuasca est le nom donné aux lianes du genre Banisteriopsis dont l’écorce sert principalement à la composition de cette boisson.

Wikipedia

Il est aussi important de prendre en note une différence majeure entre une cérémonie traditionnelle et moderne : dans la première seule le chaman boit l’ayahuasca, et ce sont au-travers de ses visions que la guérison se passe pour la personne qui participe à la cérémonie. Dans la version 1.0 de l’Ayahuasca, ce sont les participants qui en consomment ainsi que le chaman. Ce qui à mon avis, contribue à en faire une « drogue » récréative pour certains qui souhaiteraient participer à une cérémonie non pas pour guérir, mais pour avoir un bon trip hallucinogène suite à des expériences vécues en amont par la prise de LSD et autres champignons magiques.

Il est important pour moi de souligner ce fait, car cela nous prouve à nouveau à quel point ce que je qualifierai de colonisation de pratique ancestrale, touche à peu près toutes les cultures, tribus du monde entier, dès lors qu’un homme, le plus souvent blanc, y voit un intérêt personnel. D’autre part, une fois ce concept intégré, le déroulement de la cérémonie dépendra bien évidemment de la réaction personnelle face au breuvage, mais aussi du groupe d’individus qui participe à la cérémonie et de leurs intentions personnelles. A titre d’exemple si l’un d’eux n’a que le souhait de voyager dans une autre galaxie tout en se projetant dans un état visant celui de « full moon party » comme en Thaïlande, son comportement sera invariablement influencé par cette attente, encore plus si son expérience passée repose sur l’ingestion de champignons psychédéliques et/ou LSD, ses attentes seront très élevées car il aura du mal à dissocier les deux expériences. En revanche si vous y aller avec un intentions de guérir, mais vraiment guérir sans aucun élément de comparaison, alors l’expérience sera complètement différente. Et ça c’est un point majeur de l’ensemble, le groupe a un impact incroyable pendant une cérémonie d’ayahuasca. S’il y a dissonance, ce qui m’est arrivé lors de ma deuxième retraite, l’ensemble perdra de sa valeur.

Déroulement d’une cérémonie chamanique

Je suis partie deux fois 4 jours pour faire 3 cérémonies de prise d’Ayahuasca. J’ai expérimenté aussi le Bufo Alvarius et le Kambo, ces deux points feront l’objet d’articles séparés.

J’ai donc à mon « actif » 6 cérémonies d’Ayahuasca, 6 toutes différentes. Absolument aucune ne se ressemble, et il y en a seulement une, qui aura eu un effet incroyable, ce sera la cérémonie numéro 4. Celle-ci fut vraiment interstellaire. Mais commençons par le début à savoir comment cela se passe.

La cérémonie se déroule le soir et peut durer entre 6 et 8 heures. On est un groupe de 10 participants. Nous sommes installés dans un beau chalet proche de la frontière suisse, avec les montagnes en toile de fond, un feu de cheminée au milieu. Des matelas de chaises de plage sont installés sur le sol, on amène notre couverture et éventuellement un coussin. Une bassine et du sopalin sont posés à côté de chaque place. La bassine est pour le cas où l’envie de vomir se fasse ressentir. Chacun a sa bouteille d’eau, ce qui est indispensable car on se dessèche très vite durant tout le temps que la cérémonie dure. Le chaman nous explique le déroulement, à savoir que chacun à notre tour nous allons boire l’ayahuasca qui sera dosée et mesurée avant la prise. L’endroit est purifié par différents chants, herbes, musique et processions. On se recueille un instant, moment où l’on pose une « intention », un souhait, un désir, ce que l’on attend de l’ayahuasca. Personnellement je n’avais aucune idée à quoi m’attendre, mon seul véritable souhait était de pouvoir me sortir du marasme dans lequel mon mental végétait et ruminait. Quand mon tour est arrivé pour boire la boisson, je n’ai formulé aucun voeu, je me suis dit : on verra bien.

Première cérémonie – Rien ou pas grand chose

Tout est dans le titre, vous avez donc la réponse à la question. Pour moi rien n’est arrivé de très probant. Après avoir bu, il faut attendre l’effet, qui doit arriver entre 40 minutes et une heure, le temps que la boisson fasse son chemin dans le corps. Je suis restée assise en bonne yogi que je suis, dans une posture méditative pendant 30 minutes, qui ont fini par devenir inconfortables. Je me suis allongée, j’ai regardé le ciel. J’attendais le choc, le moment où je perds pied. J’ai fermé les yeux et là tout était violet, j’ai vu des images qui se dessinaient, des drôles d’animaux que je ne saurai décrire, qui apparaissaient en pointillés. Des nez longs….

D’autres effets arrivent mais chez les autres. Un participant commence à vomir tripes et boyaux, je me dis que je vais être dégoûtée par l’odeur, mais en fait pas du tout, aucune mauvaise odeur, ça ne m’écoeure pas un seul instant, je l’écoute se vider par jets puissants (désolée pour les détails).

Une autre participante se tortille dans tous les sens sur son lit, elle a mal, elle souffre, elle parle, elle veut que ça s’arrête. Je ne sais pas ce qu’elle vit mais le voyage n’est pas glorieux, elle vomit aussi.

Je me redresse sur mon matelas, j’ai les yeux ouverts et je regarde autour de moi. Le chaman et sa femme jouent de l’harmonica et ça j’avoue que j’aime beaucoup, le son est super. Ils font brûler toute sorte de choses avec différentes odeurs, de la menthe au bois de santal, à l’eucalyptus puis d’autres que je n’arrive pas à identifier. Le feu crépite et une personne s’en charge continuellement.

Puis un des participants se lève, il ressemble à Jésus Christ. Il met ses bras en croix et tourne autour de lui en clamant « vous êtes tous formidable ». Mon esprit très cartésien refait surface, je me demande si c’est normal, si son comportement est habituel, qu’est-ce qui se passe s’il perd le contrôle, est-ce qu’il va être pris d’un coup de folie ? En fait le voir debout et se déplacer me dérange, je ne me sens pas rassurée. Le chaman va vers lui et lui parle doucement en lui demandant de rester en place, de ne pas provoquer la plante.

Quant à moi j’ai super froid, je suis gelée. Je ne sais pas quelle heure il est, le chaman vient me voir pour me demander comment je vais, je lui dis que j’ai froid et il me donne une couverture supplémentaire. Il me conseille de reprendre un verre, je décline l’offre. Il me dit que si j’ai froid c’est parce que la plante agit, mais je refuse le second verre. Puis après un moment qui me parait interminable je vais aux toilettes, je peux marcher sans tanguer, je me regarde dans le miroir et je me vois normalement, mes pupilles ne sont pas dilatées. Je me dis en moi même que la plaisanterie a assez duré, je vais me coucher. Je vais voir le chaman pour lui demander si je peux aller me coucher car je n’ai aucun effet. Il me donne un verre de Bobinsana qui est une boisson non hallucinogène mais qui provoque des rêves lucides et une ouverture de coeur. Je pars dans ma chambre, je me lave les dents, je me dis que j’ai encore deux cérémonies devant mais je ne suis pas convaincue du tout. Je dors comme un bébé. Il est 1h30 du matin….

Le matin

Je me réveille avec une furieuse envie d’aller aux toilettes. Je me vide littéralement les intestins (pas en mode diarrhée, tout à fait normalement) et la vessie. Je me sens super bien. Ce sont des détails qui peuvent paraître déplaisants, mais il faut comprendre que l’Ayahuasca est une vraie plante médicinale, elle nettoie en profondeur. Pour moi elle me nettoie les organes visiblement mais pas encore le mental. Je suis donc entre la frustration car j’ai raté le train, et la satisfaction incroyable de sentir que je vais super bien, légère (forcément) mais surtout positive, ce qui ne m’était pas arrivée depuis plusieurs mois.

J’ai oublié de mentionner qu’en amont de la cérémonie il est recommandé de suivre une diète qui se résume à ne manger que des fruits et légumes 10 jours avant le début et aucun produits transformés. Pour ma part j’ai fait les choses en grand, avant de venir j’ai jeûné, et à ce moment précis de ce matin mon estomac est vide depuis 72 heures, ce qui nourrit encore plus ma frustration face à la plante car je pensais que si j’étais parfaitement à jeun l’effet serait plus probant.

On se retrouve tous dans la salle, un cercle de paroles est ouvert. Chacun raconte son expérience. Effectivement une des participantes a très mal vécu son voyage, tous les souvenirs pénibles lui seront revenus en mode puissance 4 Top Gun je passe le mur du son, et tout son corps lui faisait terriblement mal. Un autre a vu les ancêtres dansés autour de lui. Jésus Christ, il est au demeurant hyper sympa mais on l’a tous baptisé ainsi car il ressemble vraiment à JC, a effectivement passé un bon moment. En revanche le chaman lui dit qu’il doit laisser la plante agir par elle même et non pas provoqué le moment comme il l’a fait – du coup ça me rassure un peu car effectivement je trouvais son comportement forcé, genre je veux tripper. Le chaman lui explique bien que c’est une plante médicinale et non pas un voyage sous champignons. Jésus Christ comprend parfaitement bien le message, et d’ailleurs les deux prochaines cérémonies seront différentes pour lui et il sera beaucoup plus calme par la suite.

Mon tour arrive et je ne sais pas quoi dire. Car de tous je suis la seule à être restée vraiment présente, sans aucun effet. Je relate en revanche un détail qui m’a échappé la veille, du coup est-ce que la plante ne ferait pas office en plus de sérum de vérité ? Je m’entends dire : « j’ai vu des trucs se dessiner derrière mes paupières, puis une sensation de peur m’a envahie, alors j’ai ouvert les yeux et je suis restée assise »…. mes mots me flinguent le visage. Comme je suis en constant combat entre ce que je vois, ce que je pense, ce que je dis, un mélodrame se déchaîne dans ma tête « est-ce que je dis ça car je suis influencée par les expériences des autres, ou bien est-ce que je dis ça car je l’ai vraiment vécu et que je n’ai pas osé y aller »….. en fait ça devient plus compliqué que ce que je n’avais imaginé le matin en me levant, et où j’étais certaine que la plante ne m’avait en rien impacté. Tandis que je suis en pleins débats avec moi même, le chaman me pose UNE question, il faut dire qu’il est assez perspicace tout de même : « la question est de savoir si tu veux vivre ou pas ? »….

Bon vous l’aurez compris ce qui ma amenée là c’est vraiment le fait que je n’allais pas bien du tout pour différentes raisons, et dans sa question j’entends effectivement le « vivre », mais je comprends surtout est-ce que tu veux continuer comme « avant » sous entendu en continuant de porter des masques dans un simulacre de contrôle, ou bien est-ce que tu acceptes de potentiellement changer, voir évoluer….

  1. Je me rends compte ici que j’ai une couche de non dits internes qui me donnent une apparence externe et qui ne me ressemblent pas du tout.
  2. Est-ce que j’ai vraiment envie d’aller creuser l’interne pour enfin m’autoriser à être vraiment moi ?
  3. Sauf que je n’ai absolument aucune idée de qui je suis en fait….
  4. Mais je suis professeur de yoga, alors JE SAIS bordel !
  5. Bref…. c’est la merde.

Visiblement ce n’est pas un armure qui me protège mais un tombeau géant bâti sur plus de 15 années de déception, dont les 10 dernières années ont été suffisantes pour y ajouter des verrous à la taille phénoménale. Tout est métaphorique mais c’est exactement ce que je perçois. Je suis en dessous de tout ça. Il va falloir déblayer. Mais avant de balayer il faut creuser….

Et ça tombe bien car je suis venue ici pour ça, alors….

Comme la journée ne fait que commencer le chaman me propose de faire une séance de Kambo, manger, puis une séance de Bufo Alvarius.

Et c’est à ce moment là que les choses vont vraiment changer, et m’amener vers une dimension que je ne pensais pas un jour voir ni rencontrer ni même toucher dans ma vie.

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