L’étymologie de « changement » provient du vieux latin « cambiare » (terme que l’on retrouve par exemple dans les bureaux de change) qui se traduit par échanger, substituer une chose à une autre.

Il y a donc une action.

L’immobilité ne peut pas changer les choses, ni ce qui est vivant. Si vous laissez un bibelot sur une étagère, de propre il passera à sale. Il sera recouvert de poussière. Son aspect extérieur changera, mais ce qu’il représente restera identique.

Pour que l’eau stagnante puisse redevenir claire, il faut la déplacer vers une source plus active.

Dès lors, on ne pourra plus la distinguer. Pendant quelques secondes, on remarquera comme une tache car l’eau sera en processus de devenir plus claire, mais une fois clarifiée elle devient eau dans l’eau et suivra le courant qu’il lui plaira, pour finir là où il lui plaira.

Le monde est en constante évolution. Que ce soit par la pensée, la façon de faire, d’un point de vue humain ou animalier, tout change.

Lorsque je relis les articles sur ce blog qui a maintenant 7 ans, je me retrouve dans certains, et pour d’autres pas du tout. Si je reprends un autre blog archivé commencé en 2008 sur le site google, la différence est exponentielle.

Je n’ai pas commencé la pratique du Yoga parce que j’étais stressée, ou que je souhaitais une quelconque illumination de ma vie. J’ai commencé la pratique par hasard, parce que j’avais l’habitude de faire du sport, et que le yoga, avant de me poser la question de savoir ce que c’était, je l’ai abordé avant tout comme une pratique physique et rien d’autre.

Je n’ai pas non plus enseigné le yoga en premier. Mais la méthode Pilates pour laquelle je me suis formée pendant deux années. J’ai commencé l’enseignement du yoga beaucoup plus tard. Et la raison pour laquelle j’ai commencé à enseigner, était purement vitale dans le sens où je n’aimais pas travailler dans les bureaux et que je souhaitais faire autre chose de ma vie.

Jamais je n’écrirai que j’enseigne le yoga ou le Pilates pour faire du bien aux autres et soulager les gens de tous leurs maux. Je le fais et continue de le faire car c’est un travail avant tout, c’est avec ça que je vis, et il s’avère que j’aime le faire. De mon point de vue c’est une combinaison gagnante.

Si dans le processus ça apporte un bienfait thérapeutique ou mental, ce ne sera pas forcément de mon fait. J’y aurai apporté une petite contribution mais soyons assez honnête : une personne extérieure peut probablement en aider une autre à se sentir mieux, mais si l’action ne vient pas de l’individu dans le besoin, rien n’arrivera.

C’est important de garder ceci en tête, que ce soit du point de vue du participant ou du professeur, car il existe une distance assez ténue entre le fait d’apparaître comme un « gourou » ou « génie », idolâtrie en somme, et la dépendance affective que cela peut générer.

A titre d’exemple, j’ai croisé des gens qui étaient avides de me rencontrer, et qui au final ont été déçus car je n’étais pas comme ils pensaient que j’étais vraiment.

Les premiers cours que je donnais que ce soit en Pilates ou en Yoga, étaient super dynamiques, avec des répétitions parfois compliquées car mon but était de faire transpirer les gens. Pourquoi ? A l’époque je pensais que plus les gens souffraient dans les cours, plus ils avaient l’impression de faire quelque chose, plus ils étaient contents, plus ils allaient revenir.

Et franchement c’était le cas. Certains élèves me surnommaient Stéphanie « Killer ». Dans un studio parisien nous étions deux « Stéphanie » en tant que professeur, et pour nous différencier il y mettait la lettre de notre nom de famille. Le mien était « Stéphanie K », d’où Killer. J’en étais contente et satisfaite.

Quand une élève à la fin du cours me disait qu’elle avait bien senti tel mouvement, ou qu’une autre me disait que c’était difficile, ça m’enchantait complètement.

Quand je suis partie en Inde et que j’y enseignais, je commençais tous mes cours avec un Namaste, suivi d’un mantra, et je terminais de la même manière. Quand je rentrai en France je répétais le même schéma. Il représentait l’environnement dans lequel j’évoluais.

Maintenant je ne le fais plus car le mantra n’a plus aucun sens pour moi.

Tout comme je n’enseigne plus de cours pour épuiser les élèves physiquement.

Mes cours d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec ce qu’ils étaient il y a 15 ans. Il n’y a rien d’exceptionnel à cela, le changement est permanent.

Ce qui serait exceptionnel a contrario, c’est de ne pas changer et continuer à répéter la même recette qui fonctionnait un temps donné, en espérant que celle-ci puisse perdurer sans aucune altération.

Vivre un changement, quel qu’il soit présente souvent un inconfort. C’est un peu comme porter des chaussures trop petites. On peut faire le début du chemin avec, mais à un moment donné il faut changer de taille pour pouvoir continuer.

Le changement est la continuité de ce que nous entreprenons, de ce que nous sommes vers ce que nous allons devenir.

Il y a des changements visuels, comme se couper les cheveux très courts, puis d’autres plus subtils. Vous pouvez avoir le crâne rasé, pour autant si mentalement vous restez au même niveau, vous n’aurez changé que l’aspect extérieur, mais resterez identique intérieurement parlant.

Est-ce que la réflexion est le fruit du changement, ou bien est-ce le changement qui provoque la réflexion ? Dans les deux cas elle apparait.

Dans le premier on aura tendance à se dire « je vais faire ça autrement » ou « je dois faire ça de cette façon au lieu de ceci ».

Dans le deuxième cas, où le changement apparait avant la réflexion, on se demandera « pourquoi j’ai fait ceci ou cela? ».

Dans les deux cas il y a comparaison. On compare une situation actuelle qui ne convient plus, et pour laquelle une action sera nécessaire pour l’améliorer.

Ou bien on compare la situation qui a changé en fonction d’événements que nous ne pouvons pas contrôler.

Les phrases toutes faites « la clé du changement est en nous », avec une recette qui explique comment faire pour s’adapter, évoluer, aller de l’avant, ou le fameux « quand on veut, on peut » sont assez limitantes. Si vous êtes dans un pays en guerre, chose beaucoup plus commune de nos jours, vous aurez beau vouloir changer votre quotidien, vous risquez tout de même de vous confrontez à quelques difficultés qui seront indépendantes de votre volonté.

John Sellars explique « Les choses changent, vivent dans le moment présent, n’ont pas d’attaches fortes aux choses extérieures ».

Virginia Woolf écrivait « un moi qui continue à changer, est un moi qui continue à vivre ».

Je vous souhaite de belles réflexions !