La traduction littérale du mot Hatha veut dire « Puissance ». On le traduit aussi par le Yoga de la Force.
Le Hatha Yoga Pradipika nous rappelle que la sagesse même du Hatha Yoga est la fondation première du Raja et Ashtanga Yoga. (ici on sous entend les 8 membres, pas la pratique posturale). Le Hatha Yoga est donc la base de toute pratique dite yogique.
Sur un plan postural la pratique des asanas se résume à 84 postures essentielles et bénéfiques pour l’être humain.
Les séquences du Hatha Yoga ont une approche très différente de celles de l’Ashtanga Vinyasa Yoga et Vinyasa confondues.
Si l’Ashtanga Vinyasa Yoga commence par la racine, soit Muladhara, il se termine par le dernier chakra soit Sahasra. En effet on commence par les postures debout pour finir en inversion sur la tête.
Dans la pratique posturale du Hatha Yoga dite traditionnelle on commence par les inversions au sol et on termine par une flexion latérale debout. Il est intéressant de remarquer qu’aucune posture de Virabhadrasana n’est enseignée, car elle est apparue plus tard dans les pratiques développées par Sri Krishnamacharya, fondateur du yoga moderne que représente le Vinyasa. Les Guerriers ne sont pas non plus mentionnés dans le Hatha Yoga Pradipika.
Le Hatha Yoga pour les débutants
Si l’on regarde attentivement les séquences développées par Sivananda on se rend compte assez vite de la complexité des postures, inaccessibles donc pour un débutant lambda.
Contrairement à la croyance populaire le Hatha Yoga postural est une pratique certes « douce » dans le sens où physiquement on bouge moins, mais beaucoup plus intense dans le sens où les postures sont gardées pour un minimum de 12 respirations.
Il existe bien évidemment et fort heureusement plusieurs façons d’enseigner un cours de Hatha Yoga. Toutefois à un moment donné de nos pratiques, revenir à la source peut être tout à fait bénéfique.
En effet, notre meilleur maître et gourou est nous-même. Bousculer nos acquis et déstructurer une pratique d’asanas est parfaitement bénéfique pour le corps et le mental.
Si l’on prend par exemple la pratique quotidienne des séries de l’Ashtanga Vinyasa Yoga, elles suivent un krama évolutif qui nous prépare à une pratique plus avancée vers la troisième série. Avant cela il faut la parfaite maitrise de la première et deuxième série. Or, il faut constater quand même que la répétition de certaines postures à fort potentiel en flexion avant, peuvent occasionner des blessures au moment de venir pratiquer les extensions, car peu nombreuses.
De la même manière la répétition quotidienne de Supta Kurmasana ou Eka Pada Shirshasana est un risque pour la mobilité des hanches constamment sollicitées dans une direction que le fémur ne devrait pas forcément prendre.
De plus la répétition constante des « jump back » ou « jump front » ainsi que des chaturangas peuvent nuire à la ceinture scapulaire.
Les bienfaits du Hatha Yoga « traditionnel »
Franchement ils sont nombreux. Tout d’abord la salutation du Hatha Yoga nous propose dès le début une extension et ouverture de l’avant du corps et ce avant la flexion avant. C’est un peu comme lorsque l’on se lève le matin et que l’on s’étire. Ensuite un énorme étirement du psoas, tout en gardant un bassin en antéversion au moment de Ashwa Sanchalanasana (posture en 4ème position).
La salutation se pratique 12 fois, ou plus. Elle peut se faire lentement, puis plus rapidement au fur et a mesure des pratiques.
Une fois les salutations effectuées, de manière traditionnelle, on passe en posture de repos, ce n’est pas shavasana car le corps allongé sur le tapis reste actif, bras le long du corps, jambes serrées.
Ensuite le fait de commencer directement par Shirshasana est tout à fait bénéfique pour le système nerveux. De plus comme nous sommes au début de la pratique, il n’y a pas de fatigue musculaire installée, le corps est plus raide et il devient beaucoup plus facile d’y rester une minute ou plus.
De la même manière Sarvangasana suit, et stabilise le mental. Du coup les postures qui suivent se font avec une plus grande concentration et une très grande force.
Terminer par Trikonasana permet de revisiter la posture et d’en découvrir ses non-dits. En Ashtanga Vinaysa Yoga, Trikonasana viendra en 3ème position après Padanghustasana et Padahastasana. C’est le moment où l’on entend les hanches faire « cloc ». En Hatha Yoga avoir cette posture en fin de parcours autorise une approche complètement différente.
De mon point de vue personnel, je recommanderai de pratiquer la séquence traditionnelle du Hatha Yoga aux personnes ayant déjà une bonne base de pratique car une posture comme Mayurasana (on peut choisir de faire Hamsasana) n’est pas du tout adaptée aux débutants.
Par la suite, il est possible de rajouter des postures de yoga mais en gardant l’originalité et la source de la pratique qui est de commencer par des postures inversées.
D’un point de vue personnel
L’un des bienfaits que j’en retire est l’absence de douleur aux épaules. Venant de l’Ashtanga Vinyasa Yoga, depuis trois mois j’ai changé toutes mes pratiques et me suis dirigée naturellement vers le Hatha Yoga. Non seulement je travaille des parties de mon corps encore insoupçonnées mais surtout je renforce toutes celles que l’Ashtanga Vinyasa Yoga ne me permettait pas de visiter complètement.
D’un point de vue physique je suis devenue plus forte et mentalement beaucoup plus calme.
J’ai commencé par les 12 postures de la séquence Sivananda pendant 4 semaines puis j’ai rajouté des postures. En revanche je garde la trame originelle du Hatha Yoga qui reste la base.
Si l’on devait comparer les deux pratiques soit Ashtanga Vinyasa Yoga et Hatha Yoga, on peut se dire que dans la première le but est le réveil de la Kundalini, dans la deuxième la maitrise.
C’est effectivement en ça que le Hatha Yoga se définit le mieux. La maitrise du souffle et donc du mental.
« Voie de dépassement et de puissance, le Hatha-Yoga est une voie de volonté chevauchant les énergies féroce du cosmos et de l’humain. C’est la voie de l’effort violent. Violence liée à la conscience et au vouloir de façon à donner une chance, si minime soit-elle, au Yogi de se sortir des liens de la Nature. Ces liens sont si profondément ancrés dans tous les niveaux de l’être humain, qu’une puissante volonté, s’apparentant à une violence terrible, est indispensable pour avancer sur ce chemin. Pourtant cette violence n’est pas égotique, dirigée contre ou pour quelque chose. Elle n’est qu’énergie fulgurante qui, tel l’éclair, pétrifie le mental et illumine la Conscience.«
Source : Natha Yoga