Le piège c’est de croire que si l’on va chercher de l’aide, on la trouvera par l’intermédiaire d’une tierce personne, et tous les problèmes seront résolus.

Tandis que non. L’aide extérieure nous donnera peut être des clefs, mais la personne qui tourne la clef dans la serrure est nous même.

Et avant de tourner la clef dans la serrure, il faut trouver la porte.

Et pour trouver la porte, il faut un élan de notre part.

Dans notre société actuelle, notre vie est connectée. Pas forcément aux autres, mais à toutes sortes de possibilités, solutions miracles, retraites magiques, remèdes rapides. Et pour les trouver, nous n’avons qu’une seule et unique chose à faire c’est parcourir les réseaux sociaux. On y trouve absolument de tout. Chaque post semble nous être adressé personnellement, de l’acceptation de soi par le biais d’une photo dite sans filtre où l’on montre un corps dit normal sans retouche, un visage avec des rides. Par de jolies promesses de reconnection à soi, à son féminin sacré, son homme sauvage, son utérus, le pouvoir des fleurs.

Ou encore par la définition de différents troubles que l’on aura tous un jour au moins une fois dans sa vie, comme l’hyper anxiété, la bipolarité rendue célèbre du jour au lendemain par Britney Spears, une trop grande empathie, la gestion du stress, le manque de motivation, l’abandon. Tous ces symptômes ont des noms, on arrive alors à y mettre une image dessus et la proposition qui suit nous promet de pouvoir voir enfin le bout du tunnel.

Et si la réponse à nos questions ne se trouvent pas dans tout ça on peut toujours se tourner vers l’astrologie pour y voir plus clair, les retraites chamaniques pour se voir mourir et revivre, les bains glacés pour garder une meilleure santé tout au long de sa vie, les diètes aux algues pour se gaver d’oligo éléments. Il y a pléthore de solutions, accessibles en un clic, et l’on se dit que tout ira mieux après.

C’est le après qui est important. Car si sur le moment on ressent une amélioration du soi, il n’en reste pas moins que le sujet doit rester très lucide quant à sa propre faculté de pouvoir continuer sur la lancée et sur les objectifs qu’il se fixe, c’est-à-dire aller mieux.

Pour chaque égratignure il y a un pansement à sa taille. Pour chaque blessure il y a un bandage adapté. Chaque cicatrice nous rappèlera que nous avons été blessé à un moment donné et que le pansement ou bandage n’est que provisoire. Une fois retiré le travail commence. Le pansement n’était pas la solution.

L’aide extérieure, si elle est bien accompagnée avec des personnes de confiance mais surtout compétentes, sera très utile pour nous mettre sur les rails de la guérison qu’elle quelle soit. Encore une fois, les rails sont le chemin à prendre certes, mais il faut accepter d’y aller et surtout y aller.

Si l’aide extérieure est prodiguée par des personnes formées rapidement, voir pas du tout et qui n’ont pour seul but de surfer sur la page bien être en se posant expert en à peu près toutes les méthodes holistiques, il est important de comprendre ceci. La plupart des gens qui proposent une aide sur par exemple : comment sortir d’une relation toxique, comment j’ai résolu mes problèmes bipolaires, comment j’ai su que j’étais empathe, comment prendre les bonnes décisions en trois étapes, et plus (vous avez le tableau), sont des personnes qui ont avant tout vécu ce problème mais qui pour la plupart sont en phase de construction et donc pas totalement achevée. Leur processus de guérison est basé sur leur mal être et ils se disent que partager leurs « tips » pour guérir font d’eux des experts en psychologie, nutrition, soins énergétiques, thérapeutes à haut potentiel et bien plus.

Le moyen efficace de diffuser leur bonne parole est le podcast, YouTube ou des diapos bien ficelées sur Instagram.

On ne peut pas douter de leur bonne volonté, la plupart pensent sans aucun doute apporter de l’aide et que leur aide est plus que valide. Pour autant à l’écoute de certains podcasts, et/ou vidéos il est évident que le ou la thérapeute en question n’a pas fini voir pas commencé son travail de guérison. Il ne faut alors dans ce cas pas confondre ce que je qualifierai de « journal de guérison » dans lequel la personne en question raconte son parcours et les solutions qu’elle a choisi de prendre ; avec « conseils voir recommandations basées sur des études scientifiques, de comportement, sur la psyché » – si cela concerne les maladies mentales, troubles de l’anxiété etc. Il en va de même pour les conseils nutritionnels, relation de couple etc.

Si une personne a vécu une relation toxique, cela ne veut pas dire qu’elle est experte en relation toxique et qu’elle peut présenter des solutions à tout le monde. C’est mettre à mal les thérapeutes, les vrais, qui ont étudié plusieurs années et qui peuvent traiter d’absolument tous les sujets sans pour autant se sentir impliqué, tout en gardant une distanciation professionnelle entre le patient et le thérapeute. Le fait de voir des vidéos tutoyant clairement le client pour vendre des ressources miracles obtenus par un simple questionnaire en trois cliques, me mettent un peu mal à l’aise. Une personne qui se qualifie d’elle même « borderline » et qui explique son parcours n’est en soi pas dérangeante, elle ou il a le courage d’expliquer son parcours, mais si cette même personne se présente comme sauveur de toutes les personnes présentant ce trouble (qu’il faudrait pouvoir définir avec de vrais mots et pas seulement avec cet anglicisme) alors cela pose un problème.

J’ai connu des périodes de grande dépression pour différentes raisons, pour autant jamais je ne pourrai conseiller ou recevoir des gens présentant le même fléau pour les aider à s’en sortir. Car je n’ai pas les mots pour, et que je ne connais que mon expérience.

Or de nos jours, pour chaque maux il y a une solution accessible par e-book, trois cliques, newsletter, vidéos ou par le biais d’un grand mot conférence voir master class…… le tout dirigé par des non professionnels qui quand on les écoute sont eux mêmes encore au prise de leurs émotions.

C’est le danger qui nous guette. La possibilité de faire à peu près tout et n’importe quoi, en simplement surfant sur les réseaux sociaux gonflés de publicités sponsorisées, diffusées par des personnes complètement immatures.

Je ne suis pas contre aller chercher de l’aide, il est très difficile de sortir du tunnel quand on ne voit pas la lumière au bout. Mais quelque soit l’aide reçue, si elle est bien faite et bien accompagnée, une partie du travail restera à la charge du patient. Personne à part vous même peut vous empêcher de ressasser ce qui vous empêche d’avancer. Personne à part vous même peut vous permettre de mettre une croix définitive sur ce qui vous a marqué par le passé. Personne à part vous même peut vous motiver à prendre soin de vous sur le long terme.

Il n’y a pas de solution miracle. Capitaliser sur vous avant tout. Et si aide il y a besoin alors il est important de quitter les réseaux sociaux et de vous diriger vers des vrais professionnels, avec de vraies études. Et d’ignorer la vidéo de 30 secondes qui pointent en haut de l’écran à droite, en haut de l’écran à gauche, sur les côtés puis en bas où défileront des phrases du style « tu veux te libérer émotionnellement? » avec un lien qui amènerait au Saint Graal.

Notre société va mal certes, ce n’est pas d’aujourd’hui certes, mais il est important de garder les pieds sur terre et de ne pas se compromettre dans la facilité du « moi je sais ». Si vous deviez demain vous faire opérer à coeur ouvert, iriez-vous chez une personne ayant subi la même opération et pouvant vous expliquer ce qu’il a ressenti avant/après ou bien pencheriez-vous pour le chirurgien qui a étudié, pratiqué pendant 15 années avant de se lancer dans la vie active ?

Plus nous irons vers les pratiques alternatives guidées par des personnes incultes, plus nous tirerons la société vers le bas. Plus désordre et chaos il y aura.

Je finirai par une phrase pompée sur celle de Bernadette de Gasquet avec une autre formule « Guérir à tout prix, arrêtez le massacre ».